Prisons : un état des lieux

Surpopulation, insalubrité, vétusté, absence d’intimité, hygiène défaillante, défaut de prise en charge, accès aux soins limité : les conditions de détention dans nombre de prisons françaises ont souvent été condamnées par les tribunaux et pointées du doigt comme « une humiliation pour la République ». Pourtant, les choix de politique pénale continuent d’entraîner l’incarcération d’un nombre toujours plus important de personnes, concourant à leur aggravation. Tour d’horizon non exhaustif.

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En prison comme ailleurs, le droit du travail doit s’appliquer !

Le travail en prison, comme dans le reste de la société, est à la fois une contrainte puisqu’il se réalise dans un rapport d’exploitation capitaliste mais demeure une chance d’avoir un emploi et un revenu qui va avec. En détention, le travail n’est théoriquement plus obligatoire depuis 1987 mais reste sous-payé, sans droits, avec des emplois très peu qualifiées et des tâches répétitives. Environ 20 000 personnes travaillent en prison sur les 70 000 détenu∙es, un chiffre qui n’a cessé de baisser au fil des années depuis plus de 20 ans. La première cause est simplement, comme dans la société « hors les murs », une baisse du nombre d’offres d’emplois ce qui en fait presque un luxe en prison.

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La liberté est dans mon cœur

Le mardi 27 octobre 20201 au Centre de détention de Muret (Toulouse) 29 prisonniers se révoltent. Ils refusent de réintégrer les cellules et bloquent la promenade pendant 5 heures à la suite de l’annonce de la fermeture des parloirs famille et les unités de vie familiales ainsi que la mise en place d’un protocole sanitaire de plus sur le linge. Ils exigent de ne plus avoir de séparations lors des parloirs, que soit levée l’interdiction de contact avec les proches et que de nouveau les colis de linge et ceux de Noël soit autorisés … Les ÉRIS (Equipes régionales d’intervention et de sécurité) interviennent, plusieurs mutins sont placés au mitard et transférés. Crève la taule !

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Abolitionnisme : entretien avec Gwenola Ricordeau

Au tournant des années 1970-80 s’est formée la première vague de l’abolitionnisme pénal. Elle a profondément renouvelé le champ de la criminologie critique et les réflexions sur le crime, la peine et la prison. Gwenola Ricordeau fait découvrir ce courant de pensée qui inspire aujourd’hui les mouvements pour l’abolition de la police et de la prison, mais invite aussi à repenser la peine et le statut de victime.

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Le Groupe Information sur les Prisons

Le Groupe Information sur les Prisons (GIP) a été fondé en 1971. Le manifeste initial est signé par Michel Foucault, Jean-Marie Domenach et Pierre Vidal-Naquet. D’autres philosophes, écrivain·es, historien·es s’impliqueront, à l’image de Daniel Defert, Gilles Deleuze, Michelle Perrot ou Danielle Rancière. Durant (seulement !) deux ans, le GIP rassemblera aussi des magistrat·es, des avocat·es, travailleurs et travailleuses sociaux, des médecins, des journalistes, des détenu·es et ex-détenu·es, des proches de détenu·es. Le GIP s’attache à donner la parole aux prisonniers dits « de droit commun » ; questionnaires et cahiers de revendications forment le socle des 5 brochures publiées en 1971 et 1972.

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Mobilisations de prisonnier·es, stratégie syndicale – Entretien avec Joël Charbit

Dans les années 1970/1980, plusieurs organisations de prisonnier·es à travers le monde adoptent une forme syndicale. Ici, cela se traduire par la naissance de l’Association syndicale des prisonniers de France. Joël Charbit dresse ici un panorama de ces expériences, non sans rappeler les connexions avec les combats antiracistes et féministes, notamment.

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Le Comité d’action des prisonniers et ses suites

On ne peut évoquer les prisons, les prisonniers et les prisonnières sans évoquer le Comité d’action des prisonniers (CAP). L’article ne prétend pas en raconter l’histoire ; il faut pour cela se rapporter au livre de Christophe Soulié ou à la collection des journaux. Au-delà du CAP sont mentionnés les organisations qui lui ont fait suite. Volontairement, le prisme choisi est celui des informations glanées à travers divers bulletins et journaux de ces années-là à propos de tentatives de syndicats de prisonniers et prisonnières. Elles sont diverses ; la plupart sont restées à l’état de projet ; quelques textes marquent par ailleurs une rupture certaines avec ce que défendait le CAP, d’autres non. Une précision : les prisonnières sont très absentes des extraits ici repris. C’est un fait qu’il faut relever, mais qui n’autorise pas à une démasculinisation a posteriori qui serait trompeuse. De même pour les quelques textes féminisées : c’est à travers les parenthèses (e) que les femmes transparaissent.

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Commune de Paris : quelle justice en Révolution ?

Aborder la situation de la justice et des prisons au cours des 72 jours de la Commune, ce n’est pas analyser l’application d’un programme réfléchi, une succession de décisions cohérentes. C’est essayer de suivre les débats, les décisions multiples, parfois contradictoires, prises au coup par coup, en réaction aux problèmes rencontrés, sous les pressions de diverses exigences liées aux situations exceptionnelles, de différents courants politiques, alors que les combats avec Versailles font rage dès les premiers jours d’avril. Il s’agit plus d’un regard sur l’élaboration d’une politique émancipatrice au cours d’un processus révolutionnaire, avec tous ses soubresauts, ses conflits.

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La Coordination des prisonniers en lutte dans l’Espagne de l’après-Franco

Après la mort de Franco, le 20 novembre 1975 dans son lit d’hôpital, la « démocratisation » du régime dictatorial n’a pas été octroyée gentiment par le pouvoir, mais imposée par la base grâce à une multitude de mouvements revendicatifs, à commencer par des grèves sauvages organisées par des assemblées qui vont imaginer leur propre démocratie. L’amnistie, par exemple, n’a été obtenue en octobre 1977 qu’après de nombreuses manifestations de rue, avec des affrontements permanents avec les forces de l’ordre ayant provoqué de nombreux morts. La Coordination des prisonniers en lutte (COPEL) est née de la mobilisation spontanée et auto-organisée des prisonniers de droit commun qui ont revendiqué l’amnistie pour les prisonniers politiques aussi.

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Georges Ibrahim Abdallah, vers la perpétuité réelle en France

Les lignes qui suivent sont construites autour de la mise en forme d’un entretien que nous avons eu au parloir de la prison de Lannemezan, fin août 2021 avec Georges Ibrahim Abdallah, détenu depuis 37 ans en France. Les notes prises lors de ces 3 heures d’échanges, parlent de ce que l’on peut dire, ce que l’on doit dire plutôt lorsque l’on est un militant révolutionnaire, car la prison n’est pas aménageable, elle est à l’image du capitalisme et doit être abolie. Les propos de Georges Ibrahim Abdallah sont précédés d’une courte présentation et suivis d’informations sur l’actualité de sa lutte, ainsi que d’un rappel d’une motion adoptée lors du -ème congrès national de l’Union syndicale Solidaires.

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Un des prisonniers politiques basques en France – Josu Urrutikoetxea

Josu Urrutikoetxea est une figure déterminante de la sortie du conflit au Pays basque. Dès les années 80, il travaille à la mise en place des discussions d’Alger, avant d’être, en pleine trêve, arrêté le 11 janvier 1989 à Bayonne, quelques jours seulement avant l’ouverture de ces premières tentatives de résolution des hostilités. Élu, à partir de 1998, à deux reprises, député au parlement basque, Josu Urrutikoetxea mène pour le mouvement basque les négociations de Genève de 2005 à 2007 et d’Oslo de 2011 à 2013. Enfin, c’est lui qui annonce, depuis le Centre Henry Dunant à Genève, l’autodissolution de l’organisation ETA le 3 mai 2018, après qu’a été proclamée la fin de la lutte armée, le 20 octobre 2011, et que les armes ont été rendues le 8 avril 2017 à Bayonne, posant ainsi les fondements inédits, de par leur caractère unilatéral, de la résolution du dernier et plus vieux conflit armé d’Europe occidentale.

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Probation et réinsertion : la liberté conditionnelle

La liberté conditionnelle est souvent présentée comme l’aménagement de peine le plus favorable à la condition des personnes détenues pour que celles-ci se « (ré)insèrent le mieux possible dans la société ». C’est d’ailleurs ce qui est d’emblée mis en avant dans le Code de procédure pénale, en son article 729: « la libération conditionnelle tend à la réinsertion des condamnés et à la prévention de la récidive ».

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L’enferment par-delà la prison

Pourquoi enfermer des individus ? Quelles sont les raisons de les priver de leurs libertés ? Ces questionnements paraîtraient naïfs si la diversité des réponses ne trahissait pas une large gamme de « bonnes raisons » souvent avancées pour justifier des pratiques d’enfermement. Punir, éduquer, soigner, protéger, autant de justifications sur lesquelles reposent diverses pratiques d’enfermement.

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Les détenu∙es étiqueté∙es « radicalisé∙es »

Le nombre de détenu∙es incarcéré∙es pour des faits en lien avec le terrorisme ne cesse d’augmenter en France et les risques de « radicalisation » au sein même des établissements pénitentiaires n’ont cessé de défrayer la chronique les dernières années et ont mis l’Administration pénitentiaire sous pression. Face à des injonctions changeantes et contradictoires, l’Etat peine à donner un sens à la prise en charge de la radicalisation en prison, qui fait l’objet d’une répression indirecte. Appréhendée sous sa forme violente, la radicalisation conduit à mobiliser de nombreuses techniques qui sortent du respect, pourtant de principe, des droits fondamentaux. Ainsi, la sécurité l’emporte sur l’accompagnement, et l’objectif de neutralisation sur celui de réhabilitation.

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Le Syndicat de la magistrature

Le Syndicat de la magistrature a pour ambition de veiller à ce que l’autorité judiciaire puisse exercer sa mission en toute indépendance, d’agir pour la défense des libertés et des principes démocratiques et de sauvegarder les intérêts professionnels des membres du corps judiciaire. Il revendique à l’égard de tous les pouvoirs qui se sont succédés depuis sa fondation un droit de critique et une indépendance absolue. Dans un corps très syndiqué, le Syndicat de la magistrature est le deuxième syndicat représentatif, recueillant un quart à un tiers des voix aux élections professionnelles. Il est représenté dans les instances par ses élus au Conseil supérieur de la magistrature, à la Commission d’avancement, dans les instances de dialogue social nationales et locales.

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