Nutréa-Triskalia à St Brieuc, un combat exemplaire !

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Le combat de David contre Goliath.

Leur long combat est exemplaire, parce qu’ils ont eu le courage de s’attaquer à leur employeur, le groupe coopératif Triskalia (2,2 milliards de chiffre d’affaire, 4800 salarié.es, 18 000 adhérent.es, 300 sites), dirigé par l’organisation qui détient le pouvoir réel dans notre Région, c’est-à-dire la toute puissante FNSEA1. Il en fallait en effet du courage, pour oser demander des comptes, devant la justice, à une entreprise aussi puissante que Triskalia, à ce véritable état dans l’état, à ce fer de lance du lobby agricole breton productiviste qui, lorsqu’une crise s’annonce, fait trembler les préfets, les élu.es de la République, quand ce n’est pas les gouvernements. Quand, en novembre 2013, la colère bien légitime des ouvriers licenciés des entreprises Gad et Doux a été détournée et instrumentalisée pour défendre avant tout les intérêts des patrons bretons et enterrer l’écotaxe, c’était la FNSEA et les patrons de l’entreprise Triskalia qui étaient à la manœuvre, pour détourner la « révolte des bonnets rouges ». La toute puissance du groupe Triskalia ne repose pas uniquement sur l’agriculture et l’industrie agroalimentaire, qui représentent déjà un poids économique énorme en Bretagne, mais également sur ses liens étroits avec le secteur bancaire (Crédit mutuel, Crédit agricole), les assurances (Groupama) et les multiples partenariats qu’il a passés avec d’autres entreprises géantes de l’agroalimentaire, comme Terrena ou Sofiprotéol, rebaptisée depuis Avril et que dirigeait le patron multimillionnaire de la FNSEA, Xavier Beulin.

France, Bretagne, Plouisy, septembre 2016, portrait de Laurent Guillou & Stéphane Rouxel, salariés de Triskalia et Nutréa, victimes de cancer dû à l’exposition aux pesticides

Laurent Guillou, Stéphane Rouxel, Claude Le Guyader, Pascal Brigant et Edith Le Goffic n’ont pas seulement osé porter plainte au pénal et déposer des recours devant le Tribunal des Affaires de sécurité sociale et les Prud’hommes contre leurs employeurs, mais ils ont également osé briser l’omerta qui régnait autour des pesticides, en dénonçant publiquement un scandale sanitaire et environnemental, alors même que l’organisation syndicale majoritaire dans leur entreprise et dans l’agroalimentaire en Bretagne, la CFDT, leur conseillait, au nom de la sacro-sainte défense de l’emploi, de ne rien faire qui puisse nuire à l’image de l’entreprise et au-delà à celle l’industrie agroalimentaire.

Résistants et lanceurs d’alertes.

En refusant de se taire et d’accepter l’inacceptable, ils sont finalement passés du statut de victimes accablées à celui de résistants et lanceurs d’alertes. A ceux qui les avaient empoissonnés et qui, ensuite, les traitaient de menteurs et d’affabulateurs, ils ont répondu avec fermeté et dignité qu’ils mèneraient le combat jusqu’au bout, pour dénoncer le scandale dont ils étaient les premières victimes, demander justice et obtenir réparation. Car le scandale de l’affaire Nutréa-Triskalia est vraiment énorme. C’est bien pour optimiser ses profits et spéculer sur les cours des céréales, que cette entreprise à utilisé massivement en 2009 et 2010 des pesticides, pour certains interdits, comme le Nuvan total2, pour traiter et conserver des céréales destinées à la fabrication d’aliments pour bétail, au lieu de les ventiler mécaniquement ; ceci, au mépris de la santé des salarié.es, des animaux à qui étaient destinés ces aliments et, au final, au mépris de la santé des consommateurs et consommatrices.

Les rapports de la gendarmerie, comme ceux de l’inspection du travail, établiront clairement un lien direct entre l’apparition des signes d’intoxication et la livraison des lots de céréales. Autour des entrepôts de l’usine de Plouisy, ce sera une hécatombe pour la faune, comme le constateront les gardes-chasse du secteur. Mais, pas question pour Nutréa de détruire les tonnes de céréales contaminées : elles seront livrées aux agriculteurs et agricultrices, contamineront la chaîne alimentaire animale, entraineront une surmortalité dans les élevages et, au final, bien évidemment des dégâts dans nos assiettes. Laurent Guillou et Stéphane Rouxel, les salariés les plus directement exposés seront finalement reconnus en accident du travail, mais pas leurs collègues Pascal Brigant et Claude le Guyader qui eux, pourtant également gravement malades, rencontreront les pires difficultés pour faire reconnaître leurs maladies professionnelles. Tous, ont développé une hypersensibilité aux produits chimiques multiples (MCS selon le sigle anglais) et finiront par être licenciés pour inaptitude à leur poste de travail. En 2014, la veuve de Gwénaël Le Goffic rencontra les mêmes difficultés quand elle demanda que le suicide de son mari au sein de l’entreprise soit reconnu en accident du travail.

Un véritable marathon judiciaire

S’en suivra pour tous, un long combat judiciaire, devant le Tribunal des affaires de sécurité sociale de Saint-Brieuc, la Cour d’appel de Rennes, les Conseils des prud’hommes de Lorient et de Guingamp, le Tribunal de grande instance de Saint-Brieuc, pour faire reconnaitre leurs préjudices, dénoncer l’empoisonnement dont ils ont été victimes et obtenir réparation. Face à eux, ils auront bien sûr l’entreprise Nutréa-Triskalia, mais aussi la Mutualité Sociale Agricole d’Armorique (MSA), cogérée par la FNSEA et la CFDT, qui, contre toute évidence, refusera d’admettre les effets invalidant de leurs maladies en leur proposant des taux d’Incapacité permanente partielle (IPP) dérisoires ; par la suite, elle refusera de reconnaître que le suicide de Gwénaël Le Goffic était bien un accident du travail.

Des soutiens de plus en plus nombreux

Le seul syndicat présent sur le site de Plouisy refusant de les défendre, ils se sont adressés à l’Union syndicale interprofessionnelle Solidaires de Côtes d’Armor qui, immédiatement, les a mis en relation avec Maître François Lafforgue, avocat de victimes des pesticides mais aussi de l’amiante et du nucléaire. Devant le refus catégorique de Triskalia de reconnaître la gravité des faits et d’indemniser les victimes, l’Union Régionale Solidaires de Bretagne, en lien avec le secrétariat national de Solidaires, organisait le 23 septembre 2011, une conférence de presse à Paris, en présence d’une trentaine de journalistes pour dénoncer publiquement le scandale. Générations Futures, Attac et Solidaires décidaient de créer un comité de soutien qui, très rapidement, fut rejoint par de nombreuses autres organisations comme Phyto-Victimes, SOS-MCS, la Confédération Paysanne, la Ligue des Droits de l’Homme, Eaux et Rivières de Bretagne, Bretagne Vivante, EELV, l’UDB, Ensemble, le PG, le NPA, AE2D, Sauvegarde du Trégor et Sauvegarde du Penthièvre. Ce large comité de soutien s’est encore renforcé ultérieurement, avec la création de nombreux collectifs citoyens, comme ceux du pays de Rennes, de Redon de Dinan, de La Gacilly, de Questembert, constitués après la diffusion des reportages particulièrement édifiant de la journaliste Inès Léraud sur France Inter et France Culture. Un réseau de solidarité assez remarquable s’est ainsi développé à travers toute la Bretagne.

Le comité de soutien et les collectifs citoyens ont organisé de très nombreuses conférences-débats, en présence des victimes, et présenté le film La mort est dans le pré, du réalisateur Eric Guéret, dans plusieurs villes de Bretagne. La presse locale, assez réservée au départ de l’affaire, ouvrira ensuite largement ses colonnes, pour couvrir les procès et les actions de soutien aux victimes, relayés également par les médias nationaux. La médiatisation de l’affaire est telle, qu’aujourd’hui les dirigeants de Triskalia se trouvent dans l’obligation de rendre publiquement des comptes. Eux qui, au début de l’affaire, traitaient par le mépris les salariés qu’ils avaient intoxiqués et leur comité de soutien, se présentent maintenant comme étant les victimes d’une action coordonnée de déstabilisation. Plutôt que d’assumer leurs actes, ils cherchent à détourner l’attention pour fuir leurs responsabilités, oubliant un peu vite que, même avec un bon plan de communication ils ne pourront pas transformer une multitude de mensonges en vérité.

Premières victoires judiciaires

C’est le 11 septembre 2014, devant le Tribunal des affaires de sécurité sociale de Saint-Brieuc, que Laurent et Stéphane ont obtenu une première grande victoire, en faisant condamner l’entreprise Nutréa-Triskalia pour faute inexcusable de l’employeur. Aujourd’hui, ils n’attendent plus que le Tribunal évalue les préjudices qu’ils ont subis, comme devra le faire également prochainement le Conseil des prud’hommes de Lorient, sur la base du rapport de l’expertise médicale qu’il ont passé le 24 juin dernier. Pascal Brigant et Claude Le Guyader ont obtenu, eux aussi, une première victoire le 1er avril 2015 : l’ordonnance, par la Cour d’appel de Rennes et contre l’avis de la MSA, d’une nouvelle expertise médicale, hors de la Région Bretagne, afin de réévaluer leurs taux d’IPP. Elle a eu lieu, à Paris, le 11 septembre 2015. Lors de toutes ces expertises ordonnées par la justice, Laurent Guillou, Stéphane Rouxel, Claude Le Guyader et Pascal Brigant ont bénéficié de l’assistance du Professeur Dominique Belpomme, spécialiste de renommée mondiale des maladies liées aux pesticides. Autre victoire judiciaire pour les victimes, le 3 juillet 2015 devant le Tribunal de grande instance de Saint-Brieuc : la doyenne des juges d’instruction du TGI acceptait, contre l’avis du Parquet, la plainte au pénal avec constitution de partie civile ; elle prononçait une ordonnance de consignation, pour blessures involontaires ayant entraîné une Incapacité temporaire totale (ITT) supérieure à trois mois, mise en danger d’autrui, abstention volontaire d’empêcher un crime ou un délit contre l’intégrité d’une personne. Une victoire judiciaire de plus, puisqu’en pays breton il n’est pas facile de porter plainte contre les patrons des industries agro-alimentaire, et encore moins contre Triskalia : tous bénéficient d’une sorte d’immunité judiciaire de la part des Parquets.

Après cinq années d’inaction, le parquet de Saint-Brieuc décidait, le 29 avril 2015, de classer sans suite les plaintes déposées le 25 mai 2010 par Laurent Guillou et Stéphane Rouxel.Classées une première fois par le Parquet de Guingamp le 29 octobre 2010, puis ré-ouvertes le 25 novembre 2010 après l’intervention de l’Union syndicale Solidaires, ces plaintes furent ensuite transférées au parquet de Saint Brieuc. Sans rire le Parquet de Saint Brieuc motivait sa décision ainsi : « les personnes morales soupçonnées ont aujourd’hui disparu, Nutréa ayant été dissoute le 25/09/2011 et Eolys ayant fait l’objet d’une fusion-acquisition le 01/10/2010 ; ainsi leur responsabilité pénale ne peut plus être retenue » […] « d’autre part, le ministère public est amené à constater qu’en l’état, les éléments rapportés de l’enquête préliminaire ne permettent pas de constituer des charges suffisantes pour asseoir des poursuites pénales à l’encontre des personnes physiques citées dans le dossier, la découverte d’éventuels éléments probants 5 ans après les faits, au sein d’entités n’ayant plus d’existence légale, devenant fortement aléatoire. ».

En réaction à ce classement honteux, Solidaires rappela, dans un communiqué de presse, ce que les infractions relevées par la gendarmerie et l’inspection du travail concernaient : utilisation d’insecticides interdits et cancérigènes ; surdosage de produits dangereux jusqu’à sept fois la dose maximum autorisée ; absence d’équipement de protection adéquat pour les salarié.es ; utilisation illégale de personnel intérimaire, sans formation à la manipulation de produits dangereux ; non-respect des délais d’attente entre les traitements et les incorporations des céréales traitées lors de la fabrication des aliments pour bétail ; sous-traitance des épandages des pesticides par une entreprise non-agrée ; vente d’aliments pour bétail, hautement pollués par des pesticides et donc dangereux à la consommation ; s’y ajoute le fait que le responsable de l’entreprise Eolys de Plouisy a reconnu les faits sur procès-verbal, allant même jusqu’à revendiquer ses actes devant une caméra de l’émission « Envoyé Spécial3 », témoignage diffusé à une heure de grande écoute sur France 2. Finalement, cette décision du Parquet de Saint-Brieuc était bien l’illustration de la protection dont jouissent, de la part des autorités de l’Etat, les représentants du lobby agricole productiviste breton, qui savent si bien jongler avec les statuts juridiques de leurs sociétés pour pouvoir polluer en paix et en toute impunité.

Une autre victoire judiciaire : la reconnaissance du suicide de Gwénaël Le Goffic en accident du travail. Dans un jugement rendu le 3 septembre 2015, le Tribunal des affaires de sécurité sociale de Saint-Brieuc reconnaissait que la mort de Gwénaël Le Goffic constituait un accident du travail au sens de l’article L 411-1 du Code de la sécurité sociale, désavouant ainsi la Mutuelle Sociale Agricole d’Armorique qui refusait de reconnaître l’évidence. En effet, Gwénaël Le Goffic chauffeur-livreur d’aliment pour bétail de l’entreprise Nutréa-Triskalia, avait mis fin à ses jours sur son lieu de travail. Immédiatement, la Direction avait cherché à se dédouaner de toute responsabilité dans cet acte, alors même que ce salarié avait déjà été victime d’un accident du travail le 2 janvier 2014 et intoxiqué en chargeant des « Big Bag » d’aliments médicamenteux destinés aux porcelets. Cette intoxication avait provoqué une réaction allergique aiguë, des brûlures au visage et aux yeux, entrainant par la suite une importante dégradation de sa santé et un état permanent de fatigue extrême. Dans un communiqué en date 27 mars 2014, l’Union syndicale Solidaires rappelait que ce suicide s’était déroulé dans un contexte sanitaire particulièrement inquiétant au sein d’une l’entreprise qui, depuis quelques temps, accumulait les accidents du travail liés à l’utilisation massive de produits phytosanitaires et qu’à cette date quatre autres salariés, (Laurent Guillou, Stéphane Rouxel, Claude Le Guyader et Pascal Brigant), tous atteints de maladies très invalidantes et licenciés, avaient déjà entamé plusieurs procédures judiciaires contre Nutréa-Triskalia. Solidaires rappelait également, que, de l’aveu même de l’entreprise, près de la moitié des salarié.es du site de Plouisy faisaient l’objet d’un suivi médical par la MSA. Ce jugement a bien entendu été un grand soulagement pour Edith Le Goffic, la veuve de Gwénaël, et sa famille, qui se sont battues avec courage et détermination pour que la vérité éclate et que justice soit rendue. Ce fut aussi un formidable encouragement pour toutes les autres victimes des pesticides, qui ont d’autres procédures en cours et attendent réparation, comme pour tous les citoyen.nes consommateurs et consommatrices qui refusent de fermer les yeux sur ce qu’il faut bien appeler un scandale ou un désastre, social, sanitaire et environnemental.

La bataille s’élargit encore avec Raymond et Noël Pouliquen

Raymond Pouliquen et son fils Noël, ayant tous deux travaillé chez Triskalia au contact des pesticides et sans protection, entament à leur tour la bataille contre le géant agroalimentaire, avec notamment Solidaires, en septembre 2016. Raymond, 69 ans, est atteint depuis 1999 d’une leucémie. Son fils Noël, 49 ans, s’est découvert en août 2015 un lymphome faisant suite à des années de santé précaire. A l’origine de leurs cancers : les conditions de travail déplorables qu’ils ont tous deux connues au service de la coopérative Triskalia, sur le site de Glomel (Côtes-d’Armor), une plate-forme logistique destinée à alimenter tout le réseau de la coopérative en produits phytosanitaires notamment, mais aussi chargée de la collecte des emballages usagés et donc souillés. Raymond a travaillé à la logistique depuis son entrée en 1973 au service de Triskalia (Coopagri à l’époque), jusqu’à la découverte de sa leucémie en 1999. Son fils Noël y a été employé à partir de 1989. Tous deux racontent avoir effectué, comme leurs collègues, le stockage, le chargement et le transport des bidons de pesticides, sans aucune protection ni mise en garde de leur direction sur les dangers de cette exposition, malgré les plaintes régulières de salariés rapportant des troubles de santé. Sur dix salariés qui ont travaillé ces dernières décennies sur la plate-forme de Glomel, cinq sont décédés avant 70 ans, dont quatre par cancer, quatre sont actuellement atteints d’un cancer, et un autre d’une maladie chronique. Les soutiens aux Pouliquen réclament une enquête sanitaire des services de l’Etat sur Triskalia et plus largement sur la filière de destruction des emballages produits phytosanitaires vides.

Une victoire retentissante et une première en France

Le 22 septembre 2016, le Tribunal des affaires de sécurité sociale (TASS) de Saint-Brieuc indemnise Laurent Guillou et Stéphane Rouxel. Dans son jugement, le TASS rend justice à Laurent Guillou et Stéphane Rouxel, en ordonnant qu’ils soient indemnisés d’un montant de plus de 100 000 euros pour le préjudice subi. C’est la première fois en France qu’un tribunal indemnise de ce montant des salariés victimes des pesticides, atteints d’hyper sensibilité aux produits chimiques multiples. Triskalia ne fera pas appel de cette décision. C’est une immense victoire après six années de bataille. Elle sera suivie, en décembre 2017, d’une nouvelle victoire devant le Conseil des Prud’hommes de Lorient qui déclarera leurs licenciements comme étant « sans cause réelle et sérieuse pour manquement à l’obligation de sécurité et insuffisance de recherche de reclassement ». Nutréa-Triskalia est condamné à leur payer environ 25 000 euros, à titre de dommages et intérêts.

Poursuivre les batailles

Ces premières victoires ne peuvent suffire ; pour les phyto-victimes de l’entreprise Nutréa-Triskalia le combat continu. La Cour d’appel de Rennes dans deux arrêts rendus 14 mars 2018, a reconnu, enfin, la maladie professionnelle de Claude Le Guyader, mais pas celle de Pascal Brigant. Dans le même temps, le dossier pénal n’a toujours pas pu aboutir : le poids des lobbys industriels et politiques pèse et empêche la justice d’avancer, comme trop souvent dans les questions de santé et de conditions de travail. Un nouveau front a été ouvert au niveau européen. Les ex-salariés de Nutréa ont rencontré députés européens et ONG, en novembre 2016 à Bruxelles, pour demander une enquête sur l’utilisation des pesticides. L’objectif est de porter l’affaire auprès des parlementaires européens, afin de susciter une enquête sur la protection des salarié.es ainsi que des consommateurs et consommatrices, vis-à-vis des pesticides. Suite à cette rencontre, une pétition a été initiée et déposée auprès de la commission des pétitions du Parlement européen, pour demander l’ouverture d’une commission d’enquête parlementaire sur les conditions de travail des ex-salarié.es de Triskalia. Le 25 avril 2017, cette commission a soutenu, à l’unanimité, la demande des victimes, demandant qu’un audit européen soit diligenté pour enquêter sur le non-respect des directives européennes en matière de pesticides et sur les carences de l’Etat français en matière de contrôle. Le 3 juin 2018, les auditeurs de la Direction générale Santé de la Commission européenne ont reçu, à la Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt de Rennes, les victimes des pesticides. En septembre 2018, suite à cette enquête, le Commissaire européen chargé de la santé et de la sécurité alimentaire, le lithuanien Vytenis Andriukaitis, a reçu les victimes, accompagnées de leurs soutiens. Cela a permis de témoigner des situations dramatiques vécues, mais aussi de lui remettre un dossier qui met en évidence la faillite du système d’autocontrôle par l’entreprise, le non-respect de la réglementation européenne concernant les pesticides et les aliments médicamenteux, le manque d’expertise indépendante, l’inaction des autorités, le manque de prévention, de formation et de traçabilité des expositions des salarié.es aux pesticides et aliments médicamenteux. La lutte n’est pas terminée et nous continuerons à soutenir les victimes de l’entreprise Nutréa-Triskalia en Bretagne dans leur combat pour la justice et le respect de leurs droits, notamment le droit à la santé et plus largement tous les salarié.es exposé.es aux pesticides.


1 Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles.

2 Dichlorvos, neurotoxique interdit depuis 2007.

3 20 mars 2013 : Pesticides interdits : Le trafic continue cinq ans après.

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