L’intergénérationnel contre l’âgisme

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Pendant que se développent des discours mettant en avant le souhait d’aller vers un « vivre ensemble » plus facile et plus apaisé, se multiplient des comportements individuels et collectifs comme toute une organisation sociale qui favorisent le repliement sur soi des personnes et des groupes. Les unes et les autres trouvent mille raisons de faire des distinctions, de cibler des différences et d’en déduire des hiérarchies de valeurs. Fort heureusement, nous avons des ressemblances, des points communs, et, tout autant, des différences. Mais il n’est pas automatique que ceci conduise à une hiérarchisation des individus et des groupes et, en conséquence directe, à une exclusion « des autres ».


Gérard Gourguechon, ex-secrétaire général du Syndicat national unifié des impôts (SNUI, aujourd’hui Solidaires Finances publiques), a été porte-parole de l’Union syndicale Solidaires jusqu’à son départ en retraite, en 2001. Il est co-secrétaire de l’Union nationale interprofessionnelle des retraité∙es Solidaires (UNIRS).


Manifestation intersyndicale des retraité∙es, à Paris, le 11 avril 2019. [Serge D’ignazio]

Une société qui fragmente

La diversité des critères retenus pour se distinguer des autres, pour être écarté∙es par les autres, est liée à la richesse de l’inventivité de l’espèce humaine, et il est possible de dire que, dans chaque région de la planète, et de tous les temps, l’être humain a trouvé des prétextes pour exclure. Le fait que nous soyons en 2023 n’est en rien une garantie que « ça devrait être mieux qu’avant ». En 1023, les populations vivantes se pensaient à la tête de la modernité, comme nous croyons l’être aujourd’hui, alors que nous serons relégué∙es comme des sociétés anciennes par les populations de 3023. Ici et maintenant, les exclusions se font par l’argent, et ces exclusions sont d’autant plus fortes que, dans nos sociétés, tout ou presque devient une marchandise et que le capitalisme financier mondialisé accélère l’augmentation des inégalités économiques. Elles continuent de se faire selon le sexe, selon la couleur de la peau, selon la religion, selon l’orientation sexuelle, selon le handicap et l’apparence physique, etc. Elles se font aussi en fonction de critères d’âge.


Manifestation intersyndicale des retraité∙es, à Paris, le 28 septembre 2017. [Serge D’ignazio]

L’âgisme est un terme qui commence à être employé pour nommer cette mise à l’index d’une partie de la population en fonction de critères d’âge. Il regroupe toutes les formes de discrimination, de ségrégation, de mépris, fondées sur l’âge, particulièrement en direction des personnes âgées, mais pas seulement. Les politiques qui cherchent à cliver les populations pour que chaque groupe se trouve des boucs émissaires faciles auront tendance à caricaturer « les vieux », mais il existe tout autant des caricatures « des jeunes ». Notre société ne semble d’ailleurs pas tant vouloir valoriser « les jeunes » que l’idée de jeunesse, le taux de chômage « des jeunes » étant là pour rappeler le sort réservé à une grande partie d’entre eux et elles. En revanche, « la jeunesse » est assimilée au renouveau, au printemps, à la vie ; c’est l’espoir, c’est l’avenir, c’est demain, c’est la modernité. Dans notre société où dominent l’argent et la marchandise, la modernité c’est l’apparition de nouveaux biens de consommation, de nouveaux services qui vont nous être présentés comme devant répondre à nos nouveaux besoins qui nous sont révélés. Nous ne savions pas que nous avions ces nouveaux besoins, et le système économique vient nous éclairer sur nos multiples besoins cachés, au moment même où il est en mesure d’y répondre par de nouveaux produits. C’est l’idée de « jeunesse » qui porte cette dynamique. À l’opposé, la « vieillesse » c’est la fin de la vie, c’est déjà la mort, c’est l’anti-croissance. Le « vieux », c’est celui qui garde, qui achète de moins en moins. Un monde dominé par l’objectif de croissance continue, de croissance infinie, véhicule forcément l’idée que les meilleur∙es sont ceux et celles qui consomment le plus, que la consommation c’est le bonheur. Ceux et celles qui consomment moins, de moins en moins, deviennent finalement inutiles. Pour une société de la rentabilité, une société qui veut que le capital « rapporte un maximum », il faut donc que les travailleurs et les travailleuses travaillent, et ensuite dépensent en consommant ce qui a été produit ; plus le circuit sera court entre la production et la consommation / destruction, et plus le capital récupérera de profits. Pour une telle société, les « vieux » et les « vieilles » ont tous les défauts : ils et elles ne produisent plus, leur « force de travail » n’est plus exploitée, ils et elles consomment moins et sont donc d’une moindre utilité pour le cycle production / destruction, et, en plus, ils et elles « coûtent » très cher, par leurs pensions de retraite et par leurs frais de maladie. Pour une société qui cultive le renouvellement rapide, le court terme, le jetable, l’obsolescence organisée, l’allongement de la vie est une mauvaise nouvelle. Quand cette société souligne que ce sont les deux dernières années de la vie qui « coûtent le plus » à l’assurance maladie, elle laisse entendre que la suppression de ces deux dernières années serait une bonne façon de réduire le déficit de la sécurité sociale, et un élément dans la réduction du « coût du travail » et dans l’attractivité du territoire pour les investisseurs et leurs capitaux. Quand toutes les « réformes » des retraites, depuis une trentaine d’années, en France et ailleurs dans le monde, visent à repousser continuellement l’âge de départ en retraite, c’est bien que l’objectif recherché est de rapprocher l’âge de départ en retraite, des plus usé∙es et des plus fatigué∙es dans un premier temps, de l’âge de leur mort. Ainsi, le régime des retraites sera bénéficiaire : les personnes cotiseront et ne percevront pas de pension !
L’âgisme comme mise à l’index des personnes âgées, comme exclusion des aîné∙es de l’ensemble de la population, nous le voyons en œuvre régulièrement. Naguère, au plus fort de la crise sanitaire liée au Covid, nous avons entendu des discours stigmatisant des mesures prises pour protéger des personnes âgées « qui, de toutes façons, vont mourir », et qui pesaient sur l’économie et l’activité du pays. Pour certains sociologues, politologues et autres économistes, il était insupportable de mettre à l’arrêt le pays, « tout ça pour maintenir en vie des vieilles et des vieux qui ne produisent plus, qui sont seulement une charge ». Nous avons ainsi pu voir combien le vernis civilisationnel était fragile chez certaines et certains de nos concitoyens et concitoyennes. Là comme dans les autres domaines de l’exclusion, nous avons à intervenir en tant qu’organisation syndicale, dès lors que nous nous prétendons « de transformation sociale ». Prôner le « vivre ensemble », c’est dire que la vie humaine, est constituée, pour chacune et chacun, d’étapes, avec notamment la jeunesse, qui correspond le plus souvent à l’apprentissage, la période « active » au cours de laquelle chacune et chacun sera le plus actif pour le reste de la société, et la vieillesse, qui correspond au repos et à la transmission. C’est mettre en avant des relations plus fréquentes entre générations différentes, c’est favoriser l’intergénérationnel et la solidarité entre générations. Les multiples conflits sociaux que notre pays a connus pour défendre notre système de retraite par répartition ont toujours été une occasion d’illustrer, par nos propositions alternatives, ce que devrait être une solidarité financière entre générations.


Manifestation intersyndicale des retraité∙es, à Paris, le 11 avril 2019. [Serge D’ignazio]

Ces étapes, nous y passons toutes et tous, et rien que cette réalité devrait déjà réduire les tentations d’exclusion par l’âge. Il nous faut dire ici aussi que la diversité, les différences, sont un enrichissement collectif et que ceci ne doit en rien conduire à une hiérarchisation quelconque et, en contrepartie, à des exclusions. Dire encore qu’en matière d’âge, tout est très relatif : à chaque moment de notre vie, au regard des autres, nous sommes jeunes pour certain∙es et vieux ou vieilles pour d’autres. Et, à notre propre regard, nous savons aussi qu’à tout moment, nous portons en nous du « jeune » (de l’enthousiasme, des envies de nouveau, de découvertes, d’expériences, etc.) et du « vieux » (de l’apaisement, du repos, de l’acquis à transmettre, de l’expérience, etc.). Nous savons également que nous ne sommes pas toutes et tous « vieux » ou « vieilles » au même âge, en raison de l’hérédité et encore des résultats de nos vies, de nos vies professionnelles particulièrement. C’est un domaine où de nombreux déterminants sont fonction de notre catégorie sociale : en général, un mineur de fond, un ouvrier du bâtiment, une ouvrière dans un abattoir, ne seront pas « vieux » ou « vieilles » au même âge qu’un cadre du secteur tertiaire où qu’un PDG qui aura toujours vécu grâce à la sueur des autres.

L’intergénérationnel à l’intérieur des familles

Les relations entre générations au sein des familles ne sont jamais simples et n’ont, semble-t-il, jamais été simples, quelle qu’ait été l’époque ou la latitude. Même dans les sociétés et les cultures qui nous paraissent, aujourd’hui, traditionnelles, des tensions existent sous les masques des habitudes, des traditions, etc. En France, ces relations ont sensiblement changé en un laps de temps relativement court. Dans les années 1950, le pays était encore largement rural ; deux ou trois générations vivaient assez souvent sous le même toit, dans la ferme, et chacune avait plus ou moins sa fonction. Les personnes qui sont les plus âgées en 2023 ne peuvent reproduire ce modèle qu’elles ont eu sous les yeux à l’époque, et cette situation peut être un élément déstabilisateur. Actuellement, il est fréquent que quatre générations se connaissent au sein des familles, du fait de l’allongement moyen de l’espérance de vie. En 2023, les enfants de 50/60 ans dont les parents vivent encore, habitent rarement à proximité physique de leurs parents et ne peuvent donc pas s’en occuper quotidiennement. C’est notamment ce qui justifie la mise en place d’un grand service public de l’aide à l’autonomie, à domicile comme en établissement, avec une prise en charge à 100 % par la branche de l’assurance maladie de la sécurité sociale. Désormais, les familles sont plus souvent éclatées, recomposées ; les déménagements au cours d’une vie sont nombreux et éloignent le plus souvent. En 2023, on envoie plus souvent une personne âgée dans une maison de retraite qu’un jeune dans un pensionnat. C’était l’inverse il y a 80 ans.


Manifestation intersyndicale des retraité∙es, à Paris, le 11 avril 2019. [Serge D’ignazio]


Aujourd’hui, les besoins de liens entre générations existent toujours mais se manifestent autrement. Nous voyons des seniors désireux de faire partager, à leurs petits-enfants, leurs expériences, leurs acquis et leurs savoirs accumulés, et nous voyons des jeunes prêts à partager, avec leurs grands-parents, leurs nouveaux savoirs et leurs nouvelles connaissances, ne serait-ce que dans le maquis et la confusion des nouveaux outils informatiques. La solidarité économique et financière entre générations se manifeste autrement qu’il y a 80 ans. Du fait que les personnes les plus âgées vivent plus longtemps, les transmissions des patrimoines par le jeu des successions interviennent plu tard dans la vie des enfants qui, désormais, héritent quand ils et elles sont parfois déjà en retraite. Des parents aident financièrement, voire accueillent à leur domicile, des enfants privés de logement ou d’emploi en raison du chômage et de la précarité grandissante. À l’inverse, des enfants prennent en charge, parfois même à temps plein, leurs parents lourdement handicapés ou en perte d’autonomie : ce sont les aidants, dans la majorité des cas des aidantes, fille ou belle fille. Ce qui est très fréquent dans les solidarités familiales en 2023, c’est notamment la garde des petits-enfants quand les générations vivent à proximité. En prenant les petits-enfants chaque soir à la sortie de l’école, en les récupérant pour la journée quand il n’y a pas classe, en les prenant pendant quelques jours ou semaines pendant les grandes vacances, la génération la plus âgée permet à celle qui est « active » d’y être à plein temps. Ce bénévolat familial joue un rôle économique déterminant pour les jeunes parents et aussi pour l’ensemble du pays dont la productivité est, par ce fait, améliorée.

L’intergénérationnel dans le quartier, dans la commune

L’organisation des espaces, particulièrement des espaces publics, l’organisation des immeubles et des habitats collectifs, l’urbanisme, l’aménagement des communes, des quartiers, des agglomérations, les transports publics, etc., peuvent ou non favoriser les rencontres et les échanges entre les générations. Ainsi, les communes, les collectivités, les associations, proposent assez souvent des activités culturelles, sportives, ludiques, parfois très variées, mais en s’adressant à chaque fois à un public particulier : les enfants, les jeunes, les adultes, les retraité∙es. Ces activités se feront dans des locaux différents, à des heures différentes, empêchant ainsi toute relation ou connaissance réciproque. Ayant très peu d’occasions de se rencontrer, de se croiser, retraité∙es, enfants, jeunes, ados, d’un même quartier, d’une même bourgade, ne se connaissent donc pas ; d’où, pour les uns, les unes et les autres, ignorance, crainte, voire une certaine méfiance réciproque. Ce cloisonnement organisé ne favorise pas les échanges de pensée et de savoir, ni les activités communes qui permettent de se connaître et de se reconnaître, qui conduisent à l’empathie et améliorent le « vivre ensemble ». C’est plus souvent l’ignorance des autres, leur méconnaissance, qui peut conduire à la mise à l’index réciproque entre les groupes, entre les communautés. Notre démarche doit donc viser au décloisonnement de la société, segmentée notamment en fonction des âges.
Les personnes retraitées elles-mêmes tiennent une place importante dans la mise en place de relations entre générations par leur participation bénévole à la vie et à l’activité de très nombreuses associations qui agissent dans de nombreux domaines. Avec le développement de la précarité, de la pauvreté et de la très grande pauvreté, les activités caritatives (Restos du cœur, Secours catholique, Secours populaire, Banque alimentaire, Croix rouge française, etc.), ont besoin de moyens financiers et aussi de moyens humains. La distribution de denrées alimentaires, et aussi l’ensemble des services et prestations parfois offerts par ces structures associatives (alphabétisation, soutien scolaire, accès aux droits, diététique, coiffure, couture, bricolage, etc.) sont l’occasion d’un décloisonnement des rapports sociaux, d’une meilleure connaissance réciproque dans laquelle les personnes retraitées tiennent une place déterminante : nombre de structures et d’antennes locales ne pourraient fonctionner sans la présence des personnes retraitées.
Les activités liées à l’aide aux personnes (soutien aux immigré∙es, constitution de leurs dossiers, soutien et accompagnement dans leurs démarches ; aide à l’insertion, alphabétisation, apprentissage du français, familiarisations avec l’environnement culturel, alimentaire, etc. ; les partages de savoirs entre personnes différentes par leur culture, leur origine, leur âge, etc.) attirent également beaucoup de personnes retraitées. Ces activités sont, elles aussi, l’occasion de dépasser les clichés et les a priori et sont autant d’occasions d’améliorer les relations entre générations différentes.
Les activités sportives et ludiques, qu’elles soient tournées vers soi-même ou vers les autres, sont aussi l’occasion de contacts et de rencontres pouvant favoriser les échanges entre générations différentes. Les associations qui œuvrent dans ces domaines sont souvent à la recherche de personnes retraitées qui, en raison de leur disponibilité et de leurs expériences, peuvent apporter confiance et équilibre aux jeunes qu’elles vont croiser dans ces activités.
Les activités en marge de la société marchande sont aussi des expériences citoyennes permettant de dépasser les cloisonnements multiples résultant de la vie économique et sociale normalisée. La participation à la vie de réseaux (AMAP, SEL, etc.), à des activités de production bénévole de biens ou de services (jardinage, réparations, bricolages, etc.), sont autant d’occasions de constater l’utilité sociale de chacune et de chacun.
Les activités culturelles (lecture et commentaire et échanges, peinture, chant, musique, visites, expositions en groupe, projections cinématographiques, conférences dans les écoles et les collèges, etc.) sont aussi des moyens de dépassements de soi et de rencontres avec d’autres, toujours des opportunités pour décloisonner la société.
La participation à la vie municipale, enfin, est, en plus de sa grande utilité sociale et citoyenne, un moyen de renforcement des solidarités entre générations. Les expériences et les savoirs faire des unes et des autres trouvent un moyen de s’exprimer et d’améliorer la situation collective.
Toutes ces activités sont couramment dites bénévoles, c’est-à-dire qu’elles ne seraient pas du travail, car il n’y aurait pas de subordination, la rémunération de la personne bénévole (sa pension de retraite) n’étant pas conditionnée à la réalisation d’une activité bénévole. En ce sens, l’expérience de la retraite peut être présentée à l’ensemble des générations comme l’exemple d’un temps où l’on est à la fois payé et libre de ses activités, comme les prémices d’un salariat sans subordination.

L’intergénérationnel dans la nation

Chaque jour, nous pouvons constater la permanence d’un discours clivant qui cherche à diviser « les gens » à partir de différences qui ne sont en rien des occasions de classement, de hiérarchisation et de « valeurs » différentes. Avec l’expérience, nous pouvons constater que celles et ceux qui pratiquent ces discours cherchent essentiellement à détourner les colères sociales. Plutôt que de cibler l’essentiel des causes des problèmes de la société, celles et ceux qui ont intérêt à ce que rien ne change vont présenter une multitude de possibles boucs émissaires. La vie quotidienne nous en donne de nombreux exemples :

  • Les « vieux et vieilles » sont présentés aux « actifs et actives » comme une charge pour lesquels ils doivent toujours travailler plus et cotiser plus.
  • Les chômeurs et chômeuses ont des fainéant∙es qui pourraient trouver du travail « en traversant la rue ». Ils se comportent « comme des assisté∙es ».
  • Les « jeunes » voudraient avoir tout en entrant dans la vie.
  • Les fonctionnaires sont présentés aux salarié∙es du privé comme des budgétivores improductifs.
  • Il nous est dit que, désormais, les « jeunes » refusent de travailler et de payer pour les « vieux et les vieilles ».
  • Les personnes étrangères viennent chez nous pour profiter d’un système social pour lesquels ils et elles ne payent rien et qui les prend en charge.
  • Les seniors, souvent très âgé∙es et malades, sont la cause des difficultés de nos finances publiques, par le coût de leurs retraites et le coût des soins médicaux et des prises en charge.

Les exemples pourraient être multipliés. En cherchant à diviser le plus grand nombre, il s’agit de cacher qu’en réalité, les plus assisté∙es ce sont les plus riches et les privilégié∙es : le droit de propriété est le droit qui prime tous les autres, la finance est libérée de toute entrave, de toute contrainte, de toute contribution sociale et fiscale, etc. Les aides sont déversées aux plus grandes entreprises sans contreparties et sans le moindre contrôle de l’affectation des fonds publics ainsi versés.


Manifestation en soutien à Geneviève Legay, à Paris, le 26 mars 2019. [Serge D’ignazio]

En cultivant le « chacun pour soi », en basant les relations humaines principalement à partir du principe d’une concurrence entre les individus, la société conduit à détruire le lien social plus qu’elle ne le construit. Elle favorise les conflits intergénérationnels, les mises à l’index, les rejets. Parmi les effets de ces discours, il faut aussi ajouter, la casse des outils de solidarité, des impôts progressifs, des services publics, des assurances sociales obligatoires, pour la maladie comme pour la vieillesse. La valorisation d’une société du « chacun pour soi » mène à privilégier les couvertures individuelles, forcément très inégalitaires, et très profitables pour les entreprises prestataires de ces services. Agir pour favoriser l’intergénérationnel dans la nation, c’est mener une bataille idéologique et culturelle mettant en avant la coopération, le don, l’échange plutôt que la compétition, l’enrichissement financier, la consommation effrénée. Favoriser le mieux vivre ensemble, c’est agir pour des budgets publics suffisants financés par toutes et tous, en fonction des moyens des uns, des unes et des autres.

⬛ Gérard Gourguechon


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