Le syndicalisme dans la guerre en Ukraine

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Mais pourquoi le syndicalisme se mêle-t-il de la guerre ? L’internationalisme, la solidarité des travailleurs et travailleuses, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, l’anti-impérialisme sont bien sûr les principaux éléments de réponse ; nous y revenons plus loin. Mais pour celles et ceux qui voudraient s’en tenir à la défense immédiate des travailleurs et travailleuses, indispensable moitié de la « double besogne » chère au syndicalisme révolutionnaire, citons Vitaly Dudin, responsable de l’organisation Sotsialnyi Rukh : « Depuis le 24 février, plus de 80 % des décès sur le lieu de travail ont été causés par l’armée russe ». Ce texte a paru dans le livre collectif Ukraine insurgée, aux éditions Syllepse, en octobre 2022.


Cheminot sur la région Alpes, membre du Bureau fédéral SUD-Rail qu’il représente au Bureau national de l’Union syndicale Solidaires, Julien Troccaz a participé aux convois vers l’Ukraine du Réseau syndical international de solidarité et de luttes, en avril et septembre 2022.
Cheminot retraité, coopérateur des Editons Syllepse, Christian Mahieux est membre de SUD-Rail et de l’Union interprofessionnelle Solidaires Val-de-Marne, il coanime le Réseau syndical international de solidarité et de luttes. Il participe au collectif français du Réseau européen Solidarity Ukraine, ainsi qu’à Cerises la coopérative et La révolution prolétarienne.


Pendant une des réunions à Lviv, lors du convoi du Réseau syndical international de solidarité et de luttes, en avril 2022. [DR]

« Nous rencontrons des camarades qui sont fatigués, inévitablement, mais sûrement pas résignés·es, qui combattent sans relâche l’invasion de Poutine mais n’oublient pas de critiquer la politique capitaliste et antisociale de Zelensky, qui, malgré l’instant présent horrible et plus qu’incertain avec cette guerre, n’abandonnent pas leurs idéaux. [1]»

L’essentiel de ce texte reprend des publications écrites pour la fédération SUD-Rail et l’Union syndicale Solidaires. Plus que des réflexions personnelles, ce qui compte ce sont les analyses partagées collectivement, fussent-elles ainsi revues car enrichies par les contradictions inhérentes à la construction d’un mouvement démocratique, dynamique, émancipateur, solidaire. Là est l’essentiel : dans ce que permettent concrètement les analyses, dans les actes, les actions ; le circuit fermé des échanges militants peut être intellectuellement intéressant ; il rassure peut-être celles et ceux qui s’y adonnent à plein mais il ne permet pas de construire un changement radical, une solidarité active, un mouvement émancipateur. S’adosser à une position de classe pour construire un mouvement de masse, demeure la nécessité.

Le syndicalisme : pratiques et principes sont liés

On est loin de la guerre en Ukraine en disant cela ? Non, si on considère que l’important n’est pas le verbiage mais la pratique inscrite dans une démarche globale : émancipatrice, anticapitaliste, internationaliste, féministe, antiraciste, écologiste, anti impérialiste, etc. En ce sens, la résolution adoptée par la quatrième rencontre du Réseau syndical international de solidarité et de luttes, du 21 au 24 avril 2022, a l’avantage de synthétiser bien des choses : Arrêtons la guerre de Poutine en Ukraine ! La guerre contre l’Ukraine a commencé il y a plus d’un mois et, avant tout, nous voulons transmettre notre soutien et notre solidarité au peuple ukrainien et à sa résistance. Nous défendons leur pleine souveraineté et le droit des peuples à l’autodétermination. Par conséquent, nous condamnons l’agression lancé par Vladimir Poutine qui a déclenché cette guerre. La deuxième réflexion dont nous souhaitons faire part, est que la guerre est toujours une défaite de l’humanité et un échec des puissances politiques et économiques qui la causent parce qu’elle produit la destruction des territoires, la mort et la souffrance des populations civiles, alors que les conflits devraient toujours être résolus par la négociation, sans recours à la violence militaire. Inscrite dans la suite des politiques des blocs impérialistes (Etats-Unis, Russie, Chine, OTAN, …), cette agression criminelle a pour coupable le régime de Poutine et ses généraux. Cette invasion, menée par une puissance nucléaire, a provoqué une colossale crise humanitaire, des millions de réfugié∙es, la destruction du territoire et des milliers de morts ; ceci, dans une région du monde déjà frappée par des milliers de morts depuis 2014.

Pour mettre fin à la guerre, pour la paix, il faut imposer le retrait des troupes russes de l’Ukraine.
En tant que travailleuses et travailleurs, nous répondons selon nos possibilités aux besoins exprimés par nos camarades syndicalistes des pays concernés. C’est le sens du convoi du Réseau syndical international de solidarité et de luttes qui part apporter notre solidarité vers l’Ukraine le 29 avril. Des organisations syndicales de divers pays d’Europe, des Amériques, d’Afrique et d’Asie convergent sur ce consensus, prolongé par l’indispensable action directe : condamnation de l’agression du pouvoir russe, droit à l’autodétermination des peuples, pacifisme et antimilitarisme du mouvement ouvrier, dénonciation des impérialismes, solidarité avec les personnes migrantes, … Et l’essentiel dans le contexte présent : « pour mettre fin à la guerre, pour la paix, il faut imposer le retrait des troupes russes de l’Ukraine » et « en tant que travailleuses et travailleurs, nous répondons selon nos possibilités aux besoins exprimés par nos camarades syndicalistes des pays concerné ». C’est le pouvoir russe, le régime de Poutine, qui porte la responsabilité de cette guerre. Nous devons partir de ce constat. Le régime de Poutine nie l’existence autonome de l’Ukraine ; le fait que ce soit assez récurent parmi les pouvoirs en place à Moscou n’excuse rien. Il s’agit, après notamment l’annexion de la Crimée mais aussi la Tchétchénie, la Géorgie le Donbass, d’une nouvelle intervention militaire impérialiste, de la part d’un régime dictatorial qui exerce une très forte répression envers les mouvements populaires, dont le mouvement syndical lorsqu’il est indépendant. Ceci ne retire rien au fait que nous étions, depuis longtemps, partie prenante de collectifs et initiatives réclamant la dissolution de l’OTAN. Il n’y a aucune raison de remettre cela en cause, c’est un de nos rôles en tant que personnes vivant dans un pays membre de l’OTAN, mais l’exigence de dissolution de l’OTAN ne doit pas être utilisée comme un argument qui viserait, volontairement ou non, à « équilibrer » les responsabilités vis-à-vis de ce qui se passe en Ukraine. Une autre motion adoptée lors de la réunion du Réseau syndical international de solidarité et de luttes dit cela clairement : Pour la paix : combattons la militarisation et imposons le désarmement Pour la paix dans le monde, les solutions ne viendront pas de l’augmentation des budgets militaires des Etats ni de la fabrication d’armes nucléaires. Au contraire, il faut aller vers un désarmement généralisé. Nous disons non au réarmement et à la militarisation et nous disons oui à l’interdiction des armes nucléaires. L’exigence historique de dissolution des blocs militaires demeurent : nous disions Non au Pacte de Varsovie et à l’OTAN. Nous disons non à l’OTAN et au CSTO !


Préparation du 1er mai 2022, à Lviv. [DR]

L’objection de conscience et le refus de servir les armées sont des droits inaliénables. Nous soulignons le courage des femmes et des hommes qui, s’exposant à une dure répression, refusent de soutenir l’aventure belliqueuse de Poutine. On ne peut prétendre à une paix juste et durable tant qu’on ne reconnaitra pas que les menaces militaires n’ont jamais servi à construire la sécurité pour les peuples. Nous refusons l’augmentation des dépenses militaires, de la production et du commerce des armes, qui consomment les ressources dont nous avons besoin pour la transition énergétique et pour lutter contre le changement climatique, la pauvreté, les pandémies, etc. Le rôle de l’impérialisme russe dans la guerre menée aujourd’hui en Ukraine (et ailleurs dans le monde auparavant) ne nous fait pas oublier celui d’autres impérialismes, dans d’autres guerres, d’autres attaques envers des peuples. A commencer par l’impérialisme américain que nous dénoncé à de très nombreuses reprises et que nous continuerons de combattre.
Non à la guerre !
Non à la politique des blocs militaires !
Non aux impérialismes !
Oui à la paix !
Oui à la démilitarisation et au soutien à ceux et celles qui s’opposent au militarisme !
Pour le droit à l’autodétermination de tous les peuples !

Soutien à la résistance ukrainienne ET antimilitarisme, lutte pour la paix

Tout comme elle a pour conséquence de renforcer l’OTAN, l’intervention militaire russe en Ukraine et la guerre qui s’en suit va, malheureusement, renforcer le camp des militaristes, partout dans le monde. Nous ne pouvons pas nous en satisfaire ; il faut retravailler des sujets que trop de milieux militants, syndicaux notamment, n’ont guère pris en compte depuis des années : les ventes d’armes, leur fabrication et la reconversion des secteurs concernés, les budgets engloutis dans l’armement, les politiques militaristes, les guerres qui ont lieu ailleurs dans le monde. En France, le collectif Non au Service national universel, dont fait partie l’Union syndicale Solidaires, aborde ces sujets mais ce n’est pas le cœur de sa raison d’exister. Par contre, par le lien créé entre organisations syndicales, associatives et politiques sensibles à ces problématiques, il peut être un outil pour que le syndicalisme se repenche sur ces questions [1]. C’est d’autant plus nécessaire dans une démarche internationaliste : le mouvement anti-OTAN, par exemple, a une réalité historique et aussi des liens avec le mouvement syndical, différents dans les pays où il y a depuis longtemps des bases militaires de ladite Organisation du traité de l’Atlantique Nord et ceux où il n’y en a pas. De même, les peuples d’Amérique latine, qui ont connu tant de coups d’état et de dictatures directement organisés par les Etats-Unis ont une sensibilité exacerbée à l’anti-impérialisme américain bien compréhensible. Des éléments de compréhension de la situation, pas des justifications de positions politiques lorsque celles-ci conduisent à refuser de soutenir la résistance ukrainienne, voire à excuser ou soutenir le régime russe !

Pas de « paix négocié » entérinant l’agression militaire russe !

Dès les premiers jours, nous avons dit que nous ne pouvions pas avancer comme mot d’ordre « la paix négociée ». Ce serait renvoyer dos à dos agresseurs et agressé∙es. Ce n’est pas envisageable en termes de revendication, exigence, message politique. Ce serait s’aligner sur la politique de celles et ceux qui se limitaient à dire « paix au Vietnam » ou « paix en Algérie », sans revenir à 1939 avec l’invasion de la Pologne ou à la situation en Palestine encore aujourd’hui, en gommant la résistance des peuples vietnamiens, algériens, polonais, palestinien et l’occupation américaine, française, allemande, israélienne, en refusant de soutenir celles et ceux qui résistaient aux forces d’occupation et de répression. Pour l’heure, il faut soutenir la lutte de la population d’Ukraine contre l’invasion militaire russe, pas revendiquer une « paix négociée » qui entérinerait la situation créée par l’agression impérialiste de l’État russe.

Nous soutenons nos camarades syndicalistes d’Ukraine

Une partie des courants politiques de gauche refuse de s’engager dans le soutien à la résistance ukrainienne en mettant en avant la réalité du gouvernement ukrainien, et l’état des forces politiques présentes en Ukraine. Le premier est critiquable, c’est une évidence. Mais que disent les syndicalistes en Ukraine ? Que disent les militantes et militants des mouvements sociaux et politiques agissant pour l’émancipation sociale ? Depuis des mois, ils et elles n’ont de cesse de le répéter à qui veut l’entendre : « L’urgence, c’est de soutenir la résistance populaire, ici, en Ukraine ; et les courageuses désobéissances au Bélarus et en Russie. » Le soutien peut être critique, bien entendu ; même, il doit l’être. La formule « soutien inconditionnel », pour jolie qu’elle soit dans un texte n’en est pas moins dangereusement simpliste. Mais dans « soutien critique », il y a deux mots et le premier d’entre eux, pour que le second soit éventuellement efficient, est « soutien ». Pour ce qui est de la critique du pouvoir ukrainien, ne faisons pas l’affront aux camarades d’Ukraine de laisser croire qu’ils et elles nous ont attendu pour agir en ce sens. Les acteurs et actrices de bien des mouvements syndicaux, sociaux, politiques ou culturels se sont confronté∙es au pouvoir en place depuis des années, bien avant que nos commentateurs et commentatrices « de gauche » ne découvrent l’Ukraine. Par ailleurs, des campagnes syndicales solidaires contre les attaques anti ouvrières de Zelensky sont organisées [2].


Avec la délégation du Réseau syndical international de solidarité et de luttes, avril-mai 2022. [DR]

Pour les ukrainiens et ukrainiennes, la guerre déclenchée par le régime russe, signifie morts, blessé∙es, viols, infrastructures détruites, pillage de richesses du pays, exode massif ; aussi, le départ vers le front militaire de nombreux travailleurs ; c’est également le chômage qui explose et n’est pas reconnu comme tel pour l’indemnisation, les salaires qui baissent et ne sont pas payés parfois durant des mois, l’inspection du travail qui n’intervient plus, les conventions collectives suspendues, etc. Depuis 2019, le pouvoir en place tente de détruire la législation du travail, pour répondre aux demandes du patronat. Les syndicats indépendants, la Confédération des syndicats libres d’Ukraine (KPVU), la Fédération des syndicats ukrainiens (FPU) n’ont cessé de s’y opposer. Une nouvelle offensive est en cours, facilitée par l’état de guerre qui, légalement, interdit les manifestations publiques et les grèves ; par ailleurs, des milliers de syndicalistes sont, depuis des mois, sur le front et pas dans les entreprises et les villes pour organiser cette lutte. L’action syndicale internationale est d’autant plus importante pour aider nos camarades, pour soutenir le refus des travailleurs et travailleuses d’Ukraine de voir leurs droits anéantis. « Pendant la guerre, la lutte des classes continue » disent les camarades d’Ukraine ; ils et elles ne font pas que le dire : mineurs, livreurs, cheminots, métallurgistes s’opposent aux patrons, mènent des actions, font parfois grève [3] ; en même temps, ils participent à l’accueil des personnes déplacées, aident les blessées, soutiennent leurs camarades qui sont au front. Notre syndicalisme est féministe. En Ukraine aussi. Fonctionnement d’un atelier féministe en temps de guerre, protection contre le trafic d’êtres humains, discrimination parmi les personnes réfugiées, participation des femmes à la Défense du territoire, conséquences de la guerre pour les femmes (sociales, économiques, politiques, psychiques, physiques, etc.), les militantes ukrainiennes avec qui nous échangeons nous apportent beaucoup. L’atelier féministe, Bilikis, le manifeste des féministes ukrainiennes, … des micro-initiatives aux démarches internationales, tous les terrains possibles sont investis. « Katya, Victoria, Anna, Natalia …ces très jeunes femmes, balaient toutes les problématiques féministes mises en exergue par la guerre : les femmes comme butin de guerre, les violences machistes, le viol, le droit à l’avortement, le trafic de femmes et d’enfants, les droits des travailleuses. Elles décortiquent tous ces mécanismes mais également celui de la culpabilité de ne pas s’engager dans la lutte armée” comme celui de « “la culpabilité d’être en vie” inerrant à toute situation de guerre. Quand j’entends “la culpabilité d’être en vie” je ne peux éviter de penser à mon père qui toute sa vie la ressentit vis-à-vis de son meilleur ami, de son compagnon de lutte Hector ? disparu à Buenos Aires dans la sombre année 1977. Quand on est né en Uruguay en 1969, la méfiance envers tout uniforme militaire est inexorable. Lviv est venu questionner mes profondes certitudes : lorsqu’on comprend la dimension populaire de la défense territoriale, lorsqu’on comprend que des camarades syndicalistes se sont engagé∙es, l’uniforme militaire quitte son habit de répression pour vêtir celui de protection. [4] » La place de l’extrême droite en Ukraine ne doit pas être niée ; cela renforce la nécessité pour nous d’avoir des contacts directs, notamment avec des syndicalistes, mais ça ne justifie aucune restriction au soutien à la résistance contre l’invasion et l’occupation russes. Des forces d’extrême droite existent en France, où 89 député∙es sont membres du Rassemblement national ; heureusement, nos partenaires internationaux n’ont pas décidé de rompre les relations avec nous pour autant. Les échanges et témoignages directs permettent de comprendre à quel point, pourquoi et comment syndicalistes, socialistes révolutionnaires, anarchistes, féministes, etc., sont engagé∙es dans la résistance ukrainienne [5].


Sur les camionnettes livrées aux syndicalistes en Ukraine. [DR]

Ces syndicalistes, socialistes, révolutionnaires, anarchistes, féministes, à qui nous n’avons pas de leçon à donner, et qui luttent contre l’extrême droite, les oligarques, le gouvernement depuis longtemps ! Notre rôle est d’appuyer ces camarades, qui ne manquent jamais l’occasion de resituer leur lutte dans un cadre internationaliste. A ce propos, il faut relever les manifestations et témoignages de soutien à la résistance ukrainienne et contre la guerre, à Hong Kong, en Chine ou en Birmanie, où les personnes et mouvements sont pourtant en bute à une répression féroce. Concernant l’internationalisme, Vladyslav Starodubtsev, jeune militant de Sotsialnyi Rukh, organisation avec laquelle nous travaillons régulièrement depuis le début de la guerre, expliquait dans une interview : « La comparaison avec l’Algérie est très frappante. La France avait une mentalité coloniale, elle considérait l’Algérie comme une partie de la France, comme étant logiquement son territoire, sa sphère d’influence. Et une partie de la gauche française a soutenu cela ! Ils disaient : OK, oui, c’est le territoire de la France, que nous soyons à gauche nous importe peu, la France doit être soutenue pour des raisons géopolitiques. […] Et il y a un clivage similaire dans la gauche en ce moment. Il y a beaucoup de soutien au nationalisme russe dans la gauche occidentale […] Mais il ne s’agit pas seulement d’une guerre entre États se disputant une position géopolitique. Comme en Algérie, c’est aussi une guerre décoloniale de libération nationale. Non seulement nous défendons notre pays contre l’occupation et le meurtre, mais nous rompons avec la tradition du colonisateur qui nous a occupés pendant des centaines d’années. Avant 2014 et le Maïdan, l’Ukraine était un pays très centré sur la Russie. Le pays était dirigé pour servir la Russie et les Russes plutôt que la population ukrainienne. C’est vrai pour toutes sortes de pays colonisés – modelés économiquement, politiquement, culturellement et nationalement pour les intérêts des colonisateurs. On peut donc faire des comparaisons avec ce que faisaient les Algériens pour essayer de se débarrasser de l’influence française. Il y a des similitudes avec la lutte kurde, aussi. La Turquie utilise la même rhétorique que la Russie. Elle ne parle pas de guerre mais d’une opération spéciale. Elle affirme qu’il n’existe pas de nation telle que le Kurdistan, que les Kurdes n’ont pas de droits civils ou de droits sur leurs terres, ou que tous les Kurdes sont des terroristes, tout comme tous les Ukrainiens sont des nazis. C’est le même discours et la même justification, mais appliqués à un autre endroit. » L’armée russe a envahi le territoire ukrainien le 24 février 2022. En fait, depuis beaucoup plus longtemps, puisque le pouvoir russe a annexé la Crimée en 2014. En France, dès ce moment-là des organisations, dont l’Union syndicale Solidaires, ont mis en exergue la politique impérialiste de Poutine et ses conséquences. Le cas d’Oleksandr Koltchenko fut emblématique. C’est dès la fin de cette année 2014 qu’un premier appel circulait : « O. Koltchenko est connu en Crimée pour ses engagements antifascistes, syndicaux, anarchistes, écologistes. […] Il a poursuivi ses activités militantes en faveur des Droits humains et a ainsi participé, dans le camp clairement antifasciste, aux manifestations de la Place Maidan qui ont abouti à chasser le président ukrainien Ianoukovtich dont le clan pillait les richesses et exploitait la population de ce pays. Lors de l’intervention militaire russe en Crimée, O. Koltchenko a organisé des manifestations pacifiques de protestation contre l’occupation militaire, qui a faussé le référendum, aux côtés de citoyens et citoyennes tatar∙es, ukrainien∙nes ou russes. Quelques jours avant une de ces manifestations, la police politique russe (FSB) a enlevé plusieurs des organisateurs de ces résistances populaires ; ce fut le cas d’O. Koltchenko, le 16 mai 2014. Avec trois autres personnes ainsi kidnappées, il a été accusé notamment “d’organisation d’un groupe terroriste lié à l’extrême-droite ukrainienne”. O. Koltchenko est un antifasciste que la police politique tente de faire passer pour un fasciste. O. Koltchenko est un homme qui se considère comme citoyen ukrainien et que la police politique russe veut juger en tant que russe. Il est enfermé dans des conditions draconiennes, ses avocats sont privés des droits élémentaires d’une défense digne de ce nom et il est sous la menace de 15 ans de camp de travail. O. Koltchenko est étudiant et militant syndical ; il travaillait aussi à La Poste, en parallèle de ses études. Il défend activement, par sa pratique, le droit de s’organiser librement, le droit de créer et faire vivre des organisations associatives, syndicales, écologistes ou politiques. Il fait partie des hommes et des femmes qui luttent contre l’extrême-droite, qu’elle soit ukrainienne, russe ou autre. Parce qu’il lutte contre la corruption et pour l’égalité des droits entre tous et toutes, O. Koltchenko, est la cible des clans oligarchiques, en Russie, en Ukraine ou ailleurs. O. Koltchenko milite pour le droit de chaque peuple à décider de son avenir ; comme d’autres militants et militantes, en Crimée, en Ukraine ou en Russie, il refuse que le choix se limite à devoir soutenir une des politiques impérialistes, celle de la Russie, celle de l’Union Européenne ou celle des Etats-Unis. […] C’était il y a huit ans. Un collectif a organisé diverses initiatives (bulletin d’information, affiches, rassemblements, réunions publiques, soutien financier, …), jusqu’à sa libération, en septembre 2019, après des années de « camp à régime sévère ». Arrestation et détention arbitraires, négation des peuples d’Ukraine, accusation sans fondement de fascisme, attaques envers le mouvement social : en France, celles et ceux qui voulaient savoir pouvaient savoir. Mais toute une partie de « la gauche » a fait mine de s’en désintéresser. Fait mine, oui ; ils et elles n’ignoraient pas ce type de situation ; d’autant que le cas de Koltchenko et ses co-accusés (Afanasiev et le cinéaste Sentsov) n’était pas unique, loin de là. Terminons ce propos en mentionnant que Koltchenko, Afanasiev et Sentsov sont aujourd’hui sur le front. Un des militants ukrainiens ayant alerté sur le cas de Koltchenko était Maksim Butkevych. Il est aujourd’hui prisonnier de guerre de l’Etat russe. Décidemment, pas tous des nazis ces résistants ukrainiens… Syndicalistes autogestionnaires, nous avons même relevé les nombreuses formes d’auto-organisation mises en œuvre depuis le début de la guerre. Elles s’appuient en partie sur des réseaux préexistants (coopératives, syndicats, groupes féministes…) mais sont aussi le fruit de la situation, la réponse populaire dans un moment ou les carences de l’Etat apparaissent au grand jour. Des restaurants deviennent des cantines populaires, des entreprises reconvertissent leur production pour fournir du matériel de défense, des habitantes et habitants bloquent des routes, détournent des convois militaires russes, etc.

Aussi au Bélarus

Le régime de Loukachenko est un allié fidèle de Poutine. Depuis qu’il a fait main basse sur le pays, le dictateur bélarusse mène une guerre sociale sans merci contre les syndicats. Les mobilisations populaires ont été détruites avec violence ; y compris la grève générale d’août 2020. C’était il y a deux ans ; pour le soutien, la solidarité, nous avions contribué à la création d’un collectif en France, rassemblant quelques organisations syndicales, associatives et politiques. Un des tracts décrivaient la situation :
[…] Des comités de grève ont été élus dans les plus grandes usines et mines du pays. Ils cherchent à se fédérer nationalement mais leurs membres sont souvent arrêtés. Les syndicats indépendants se développent cependant que les syndicats officiels sont désertés par les travailleurs et travailleuses. Appuyées sur ce mouvement de grève, les manifestations pour le départ de Loukatchenko ont repris depuis le 11 août et entraînent tous les dimanches autour d’un million de manifestants et manifestantes dans ce pays de 10 millions d’habitants, dont des centaines de milliers dans sa capitale, Minsk.
[…] Les revendications démocratiques ont pour contenu social l’exercice du pouvoir par la majorité, et donc, par exemple, la fin des contrats à durée déterminée obligatoires et des contrats de travail individuels de ce paradis capitaliste qu’est en le Bélarus.


Délégation intersyndicale française accueilli par la KVPU et la FPU. [DR]

[…] La répression a causé officiellement 3 morts, et environ 80 « disparu·es ». 10.000 personnes ont été kidnappées par les Omon [6] et condamnées à des peines, le plus souvent de quelques jours de prison durant lesquels se produisent coups, tortures, viols … Les dirigeants politiques européens n’ont pris de position pour appeler à la « fin des violences » que fort tardivement au vu d’une situation qui les inquiète, car le peuple veut chasser un président !
[…] Poutine soutient Loukatchenko depuis que celui-ci l’a appelé à l’aide et s’est engagé à se plier à ses conditions. L’intervention de l’État, de l’armée et des « organes » russes ne fait aucun doute. Mais elle est impopulaire en Russie, où même les syndicats officiels doivent se prononcer contre l’envoi de troupes comme briseurs de grève.
La révolution ouverte en Bélarus vise à la démocratie réelle ; la classe ouvrière, les femmes et la jeunesse en sont le fer de lance ; elle s’inscrit à la fois dans une histoire longue renvoyant aux luttes des peuples d’Europe centrale et orientale au temps de l’URSS, et dans la vague actuelle de crises politiques et d’insurrections dans le monde entier. On ne saurait parler de solidarité, d’Europe et d’internationalisme sans se prononcer en faveur de la défense, de la protection, du soutien actif au peuple bélarusse et à la grève générale bélarusse.


Délégation intersyndicale française accueilli par la KVPU et la FPU. [DR]

La Fédération syndicale mondiale (FSM) dénonçait ces grèves et manifestations et les organisations syndicales qui en étaient solidaires. En France, outre Solidaires et le collectif unitaire évoqué précédemment, la CGT fut active dans le soutien au mouvement, en particulier au Congrès des syndicats démocratiques du Bélarus (BKDP). Celui-ci a joué un rôle majeur dans le mouvement de 2020, dans les entreprises et pour la coordination interprofessionnelle. Dès l’annonce de l’agression russe en Ukraine, il a pris position sans ambiguïté, malgré les risques de très forte répression. Ainsi, son secrétaire, Alexandre Yarashuk, déclarait : « La guerre de la Russie en Ukraine n’est pas notre guerre. Nous pouvons l’arrêter, nous devons l’arrêter ! » Quelques semaines plus tard, Alexandre Yarashuk était emprisonné ; comme d’autres membres du BKDP ; domiciles et locaux syndicaux étaient perquisitionnés. Le régime a poussé plus loin : il a multiplié les décrets décidant la liquidation des syndicats indépendants : Syndicat libre bélarusse (SPB), Syndicat libre des métallurgistes (SPM), Syndicat indépendant bélarusse des mineurs, de la chimie, des raffineries de pétrole, des ingénieurs en énergie, des travailleurs des transports, du bâtiment et d’autres travailleurs, Syndicat bélarusse des travailleurs de l’industrie radio et électronique (REP) et Congrès des syndicats démocratiques du Bélarus (BKDP) ! Faire connaître la situation dans ce pays, relayer les informations [7] des syndicalistes (en exil) qui maintiennent l’outil collectif de résistance et pour l’émancipation, sont les tâches principales que nous pouvons assumer vis-à-vis des résistantes et résistants à la dictature. Agressions de commandos policiers et paramilitaires aux ordres du pouvoir, emprisonnements, peines de mort, la situation est terrible pour toutes celles et tous ceux qui désobéissent à l’ordre établi dans le pays. Le KGB [8] fait régner la terreur d’Etat. On évoque et tente de mettre en œuvre la solidarité la plus efficace possible avec les résistantes et résistants en Ukraine et en Russie ; n’oublions pas celles et ceux qui sont au Bélarus ! Parmi eux, des cheminots qui, s’inscrivant dans la suite de leurs ainés contre l’occupant nazi lors de la Seconde Guerre mondiale, ont pratiqué le sabotage. Par la destruction d’installations, le dérangement de signaux, mais aussi la transmission d’information à la résistance ukrainienne, ils ont retardé, désorienté, parfois paralysé des convois ferroviaires de troupes ou de matériel russes destinés à la guerre en Ukraine.

Faisons connaître et soutenons les résistances en Russie

Avec la résistance ukrainienne, l’autre clef de la situation est ce qui se passe en Russie, notamment les mouvements de contestation et/ou refus de la guerre, les « interrogations » qui se font jour parmi les soldats. Ce n’est pas un hasard si de nombreux syndicalistes apparaissent parmi les 200 anciens réfractaires à la guerre d’Algérie, objecteurs, insoumis au Service national, membres de comités de soldats, signataires de l’appel « Nous soutenons les réfractaires à l’armée russe » lancé en avril 2022 :
Le 24 février, l’armée russe a envahi le territoire ukrainien. Depuis, la population ukrainienne subit les bombes, tirs d’artillerie, chars, qui tuent, mutilent, détruisent. Ils et elles résistent aux attaques décidées par le régime dictatorial de Poutine. Comme dans toute guerre, ce sont les peuples qui sont les premières victimes. Des témoignages montrent des refus d’obéissance au sein de l’armée russe. Des soldats désertent. Nous devons leur apporter notre solidarité ! C’est aussi un moyen de soutenir ceux qui, en Russie, s’opposent à Poutine et à son régime. Nous sommes pour le droit à l’objection de conscience dans tous les pays et toutes les circonstances.
Anciens déserteurs, réfractaires à la guerre d’Algérie et d’autres guerres plus récentes, objecteurs de conscience, insoumis au service militaire, membres de comités de soldats, antimilitaristes, nous sommes solidaires des réfractaires, insoumis, objecteurs et déserteurs de l’armée russe qui refusent de participer à la guerre menée en Ukraine. Ils doivent être accueillis dans le pays de leur choix, en tant que réfugiés politiques !
Au plan syndical, sans surprise vu le contexte, la situation n’est pas bonne. La principale confédération, la Fédération des syndicats indépendants de Russie (FNPR) soutient « l’opération spéciale » de Poutine et reprend la propagande d’Etat. Fort justement, plusieurs organisations membres de la Confédération syndicale internationale (CSI), en premier lieu la CGT française, ont demandé que soit engagé un processus d’exclusion à son encontre, au vu de ses déclarations bellicistes répétées. Avant d’en être suspendue, la FNPR a annoncé se retirer de la CSI. Au contraire, la Confédération du travail de Russie (KTR) a, d’emblée, pris position contre la guerre. L’extrême prudence dans le choix des mots de son communiqué du 25 février illustre le niveau de censure et de répression qui règne en Russie ; il n’en n’est pas moins clair : « La Confédération du travail de Russie exprime sa conviction de la nécessité de mettre fin à l’action militaire, aussi rapidement que possible ». En avril 2022, le Comité exécutif de la KTR déclarait « son soutien total et inconditionnel à [son] organisation sœur – le Congrès bélarusse des syndicats démocratiques (BKDP) ». Ces positions sont extrêmement courageuses au vu du contexte et des risques encourus.
Plusieurs initiatives de féministes ont aussi vu le jour en Russie. Là encore, il est nécessaire de les faire connaître le plus largement possible, de les soutenir le plus concrètement possible. Le syndicalisme doit s’y consacrer.

Pour la paix dans le monde : soutien à la résistance ukrainienne !

Soutenir la résistance en Ukraine [9] est un impératif aujourd’hui, car on ne construira pas la paix dans le monde si la résistance ukrainienne est écrasée et que le régime de Poutine sort renforcé par la guerre. Notre propos n’est ni celui d’organisations humanitaires, ni celui d’institutions type ONU, ni de commentateurs ou commentatrices de l’actualité internationale. Nous pouvons bien entendu nous nourrir d’analyses diverses, nous ne pouvons pas nous limiter à cela et à débattre des insuffisances de tel ou tel texte. La fédération des syndicats SUD-Rail le rappelait dans une note diffusée quelques jours après le début de l’agression russe :
« […] Notre activité syndicale internationaliste doit être … syndicale ; syndicale au sens où nous l’entendons, c’est-à-dire en assumant toute sa dimension politique, mais à partir de la défense et des intérêts de notre classe sociale et dans une perspective émancipatrice. Tous ces mots ont un aspect dérisoire dans une situation de guerre. Pour limiter le caractère dérisoire de notre activité face à cette situation, nous proposons quelques axes de travail pour notre Union syndicale Solidaires, et notre fédération fera le maximum pour y participer et notamment par la commission internationale.
Les peuples d’Ukraine sont directement touchés par la guerre et ses effroyables conséquences. Disposer des moyens pour résister est, pour eux, une nécessité vitale. Soutenir les millions de personnes condamnées à l’exil en est une autre. Ce sont deux impératifs vitaux pour les populations locales, deux axes prioritaires pour notre engagement syndical internationaliste. Le troisième axe est le soutien (notamment par l’information) à celles et ceux qui, en Russie, combattent la guerre et le régime de Poutine. Tout cela, faisons-le à partir de nos réalités, nos actions, ici et maintenant. Ce sera plus utile que de multiplier les déclarations conclues par un appel aux gouvernements, à l’Union européenne ou autre institution organisatrice de l’ordre capitaliste qui est au cœur de la situation actuelle. »
Traduction concrète de ces orientations proposées à notre union interprofessionnelle, dès le lendemain, le 17 mars, la fédération SUD-Rail informait de premières actions de « solidarité directe avec les cheminot∙es d’Ukraine » :
« Dans le cadre de notre Union syndicale Solidaires et du Réseau syndical international de solidarité et de luttes, la fédération des syndicats SUD-Rail organise la solidarité syndicale avec les travailleurs et travailleuses d’Ukraine. Nous participerons au Convois syndicaux qui seront organisés. Dans l’immédiat, la solidarité financière et matérielle est la priorité. A travers les contacts avec des syndicats ukrainiens, nous remettrons le fruit des collectes, directement, aux cheminots et cheminotes d’Ukraine. Ce que nous devons fournir aux collègues du syndicat indépendant des cheminots à Korosten, région de Zhytomyr (à l’ouest de Kiev) : outre les besoins pour le fonctionnement du syndicat (matériel informatique notamment), les camarades font part de deux types de demandes :
Pour les 80 cheminotes et cheminots qui travaillent afin que roulent les trains qui évacuent les personnes vers l’Ukraine : de la nourriture (conserves, thé, café, sucre, céréales, galettes, soupes, vaisselle, etc.) et des produits d’hygiène (serviettes, papier toilette, couches-culottes, savon, etc.). -Pour les 170 cheminots qui luttent contre l’invasion militaire russe dans la Défense territoriale : des tentes, sacs de couchage, allumettes, etc. Ils montent les gardes dans un froid intense. Leurs familles ont besoin de nourriture, de produits d’hygiène, de médicaments. Ce que nous devons fournir aux collègues du syndicat libre des cheminots de Kharkiv : des centaines de personnes n’ont plus de toit. En plus des besoins évoqués plus haut, il y a un gros besoin de sacs de couchage, de vêtements chauds.
Des contacts sont aussi en cours avec des cheminots de Marioupol. D’ici la fin de semaine, la fédération SUD-Rail va demander à la direction SNCF de nous recevoir afin d’exiger la mise à disposition de moyens financiers, matériels, logistiques, de transport, … dans le cadre des différents convois syndicaux. L’association « Convoi syndical » qui a participé à de nombreuses actions de solidarité dans le passé héberge nos dons. Dans un premier temps, nous recueillons le soutien financier. Les dons serviront aux besoins urgents exprimés par nos camarades cheminot∙es d’Ukraine. La collecte de matériel sera organisée sous peu. »
D’autres fédérations ou syndicats nationaux prennent une part active à la solidarité : le Syndicat national des journalistes (SNJ) en lien avec la Fédération internationale des journalistes (FIJ) à propos de la protection des professionnels de l’information, du respect du droit à celle-ci et par une aide matérielle, SUD Education vis-à-vis des enfants réfugiés d’Ukraine, SUD Santé Sociaux, par la collecte de médicaments et autres produits, nombre de membres des Unions départementales interprofessionnelles de retraité∙es Solidaires (UDIRS) sont investi∙es dans le soutien…

Les convois syndicaux vers l’Ukraine

Dès fin avril 2022, des camarades de l’Union syndicale Solidaires étaient présent∙es dans la délégation du Réseau syndical international de solidarité et de luttes qui apportait un soutien financier, matériel et permettait de rencontrer des acteurs et actrices des mouvements sociaux à Lviv. Cette initiative a permis de solidifier les liens avec des camarades sur place, d’en créer de nouveaux, de connaître directement les besoins de syndicats de base ukrainiens, tant professionnels (mineurs, cheminots, …) qu’interprofessionnels (régions de Lviv, de Kryvyï Rih). Des travailleurs et travailleuses, représentantes et représentants d’organisations syndicales brésilienne (Central sindical e popular Conlutas), française (Union syndicale Solidaires), italienne (Associazione Per I Diritti Del Lavoratori Cobas), polonaise (Inicjatywa Pracownicza) et lituanienne (Gegužės pirmosios profesinė sąjunga) se sont rendu∙es sur place, en Ukraine. Les informations sur ce convoi d’avril/mai sont sur le site du Réseau syndical international de solidarité et de luttes [10], qui tous les jours ou presque depuis fin février publie des nouvelles de syndicalistes d’Ukraine, de Biélorussie, de Russie. Parallèlement, sur l’initiative de Solidaires, une intersyndicale s’est mise en place en France, rassemblant CFDT, CGT, FO, CFTC, CGC, UNSA, Solidaires et FSU, pour préparer un convoi syndical ferroviaire vers les syndicats ukrainiens. Dès sa mise en place en avril, Solidaires y a joué un rôle actif : via la fédération des syndicats SUD-Rail, négociations avec la direction SNCF pour disposer de wagons dans un train de fret et d’un entrepôt pour stocker le matériel, discussions avec la Sécurité civile qui est en charge de ces trains de matériel pour la population ukrainienne ; via SUD SDIS [11], mise à disposition plusieurs jours par semaine d’un camarade gérant la logistique ; contacts avec l’ambassade d’Ukraine, conjointement à la CGT ; échanges réguliers avec les syndicalistes d’Ukraine pour affiner les listes de matériel à fournir, connaître l’évolution de la situation sur le terrain, discuter des possibilités et difficultés de livraison selon les villes, les trajets, etc., ; discussions aussi avec les militantes et militants d’Inicjatywa Pracownicza [12], syndicat polonais qui joue un rôle important dans les convois syndicaux vers l’Ukraine et la solidarité internationale plus généralement ; participation à la collecte, financière et matérielle, de l’intersyndicale. Par ailleurs, fin juin, un convoi routier avec quatre camarades de la CGT et une de Solidaires s’est rendu à Oujgorod, pour livrer deux camionnettes, remplies de matériel et d’aliments.


Banderole du Réseau syndical international de solidarité et de luttes, en avril 2022. [DR]

Lancé depuis avril, le projet de convoi ferroviaire avait permis, fin juillet, de stocker 51 palettes de matériel, correspondant (en partie, car les besoins sont grands) aux demandes transmises par les confédérations KPVU et FPU et les syndicats locaux avec lesquels Solidaires est en contact : produits de premiers soins, d’hygiène, alimentaires, moyens de communication, de protection, générateurs électriques, machines à laver, etc. Initialement envisagé pour mai, puis pour juin, le départ avait été différé : s’agissant d’un train dans lequel nous remplissions quelques wagons, nous ne maitrisons pas le plan de transport. Fin juillet, la direction SNCF et la Sécurité civile nous ont prévenu du départ d’un train – sans assurance qu’il y en ait d’autres ultérieurement – dans la première quinzaine d’août. CFDT, CGT, FO, CFTC, CGC et UNSA ont décidé de décliner, au motif que le mois d’août n’était pas propice. Nous avons mis en avant le fait que nous attendions ce départ depuis des semaines et que nos camarades syndicalistes d’Ukraine rappelaient lors de chaque échange l’urgence de ce soutien ; nous n’avons pas été suivis, le matériel stocké n’est pas parti, les autres organisations souhaitant attendre septembre pour en rediscuter et planifier un transport par d’autres moyens au dernier trimestre. Nos camarades sur place, au cœur de la guerre menée par la Russie et confronté∙es aux mesures antisociales du gouvernement ukrainien, nous ont confirmé qu’ils et elles étaient preneurs des aides matérielles dès que possible. Le mois d’août, l’été, n’étant pas vraiment synonymes de vacances vu la situation ! Solidaires demeure dans le cadre intersyndical, tiendra ses engagements en termes de solidarité financière et participera aux initiatives qui seront prises, … lorsque celles seront prises ; mais de suite nous avons travaillé à une solution permettant d’acheminer le matériel que nous avons collecté et/ou acheté (10 palettes sur les 51 de l’intersyndicale) pour les syndicalistes d’Ukraine avec qui nous sommes en contact depuis des mois. Ce sera à l’occasion d’un deuxième Convoi syndical du Réseau syndical international de solidarité et de luttes, qui a eu lieu en septembre. En matière de solidarité internationale aussi, l’activité syndicale ne se conçoit pas sans aller être sur le terrain, sans être au milieu de notre classe sociale. Qui plus est, dans des situations aussi dramatiques, c’est important pour la population sur place : « Bien sûr, des personnes et organisations envoient de l’argent, des dons ; c’est bien, on en a besoin et cela satisfait leur conscience, mais vous, vous venez jusqu’à nous pour nous apporter votre soutien. C’est mieux. Vous, c’est le peuple, vous êtes des camarades syndicalistes ! Personne n’était venu nous voir. Vous êtes les premiers ! [13]».

Le Réseau européen Solidarity Ukraine

Ce Réseau rassemble des organisations associatives, politiques et syndicales ainsi que des individus. Il s’est donné pour tâche de coordonner le soutien au plan européen ; une coordination spécifique pour la France a aussi été mise en place. Le Réseau a organisé ou soutenu des manifestations, rassemblements, réunions publiques et appels, ainsi qu’une délégation en Ukraine, en mai. Toute l’information, notamment sur les campagnes en cours (soutien à un prisonnier de guerre, appel contre la « loi travail », droit des femmes), est disponible sur le site [14]. Le Réseau sert à faire connaître les mobilisations syndicales de soutien à la résistance ukrainienne et contre la guerre qui ont lieu dans différents pays. Par exemple : plusieurs syndicats britanniques ont publiquement marqué leur solidarité, à plusieurs reprises, par des manifestations, rassemblements, envois de dons ; en Suède, le Svenska Transportarbetareförbundetn a déclaré un blocus des bateaux russes ; le syndicat IG Metall d’ArcellorMittal à Brême (Allemagne) comme celui de l’ACV-CSC à Gand, ont organisé des convois d’aide aux métallurgistes ukrainiens défendant l’usine d’ArcelorMittal à Kryviy. Le cadre unitaire ainsi créé est utile, mais son efficacité limitée par sa composition ; au plan syndical, l’Union syndicale Solidaires est la seule organisation à caractère national impliquée ; en France, les autres forces sont un syndicat (SNUITAM) et une union départementale (Allier) de la FSU, ainsi qu’un groupe départemental de la tendance intersyndicale Emancipation. Dans les autres pays européens, pas un seul syndicat n’apparait dans les organisations signataires, aux côtés de divers groupes politiques et de quelques associations. C’est bien entendu un problème pour mener des campagnes à l’échelle où elles devraient l’être ; il y a un risque d’entre soi militant qui n’aurait aucune utilité pour nos camarades d’Ukraine, de Biélorussie et de Russie. Mais ne faisons pas la fine bouche, ce Réseau existe, il produit du matériel, permet des échanges, prend des initiatives ; nous y participons, financièrement, humainement, politiquement. Le Réseau syndical international de solidarité et de luttes et Les utopiques font partie des Brigades éditoriales de solidarité qui, sous l’impulsion du collectif des éditions Syllepse, ont publié une dizaine de tomes PDF, chacun d’une centaine de pages, Soutien à l’Ukraine résistance. [15]

Le soutien aux personnes réfugiées venant d’Ukraine

Notre activité s’inscrit dans la suite d’engagements anciens et toujours renouvelés de Solidaires aux côtés de ces populations, d’où qu’elles viennent. Pas de double discours, au contraire des gouvernements et forces politiques qui organisent la guerre dans le monde depuis des années et font la chasse aux immigré∙es. Nous dénonçons les discours et pratiques discriminatoires entre réfugié∙es. Face à la situation présente des initiatives spécifiques ont été prises : par exemple, par SUD-Rail pour la gratuité des transports ou SUD Education à propos des conditions d’accueil en milieu scolaire. Celles-ci s’inscrivent, à la fois dans le moment que nous vivons et dans le positionnement de fond de notre organisation. Ce que nous pouvons obtenir pour les réfugié∙es d’Ukraine [16] elles et eux doit servir de point d’appui pour montrer que c’est possible pour toutes et tous les réfugié∙es. C’est une évidence pour toutes et tous les camarades impliqué∙es dans ces luttes depuis des années ; mais peut-être que cela va mieux en le (re)disant. Ajoutons que lorsqu’on parle de réfugié∙es, de migrant∙es, d’exilé∙es, les grèves de travailleurs sans-papiers comme les trois qui ont lieu depuis des mois en Ile-de-France [17] sont aussi en plein dans le sujet ; le soutien actif est une des réponses à celles et ceux qui veulent trier les réfugié∙es.
De nombreuses ukrainiennes victimes de la guerre sont réfugiées en Pologne, pays frontalier. Elles sont confrontées à l’absence légal de droit à l’avortement. Depuis 2020, il n’est possible qu’en cas de viol ou de danger de mort pour la femme. La loi polonaise oblige les femmes violées à apporter la preuve du viol. Cette abominable situation infligée aux femmes polonaises s’applique aux réfugiées ukrainiennes. Face à cette horreur, des mobilisations ont lieu ; nos camarades syndicalistes d’IP y prennent toute leur place, des collectifs féministes sont à l’initiative ; nous relayons et appuyons leurs actions.
L’action directe sur le terrain, par les convois syndicaux, permet de toucher du doigt ces drames, de les raconter si tant est que ce possible de décrire l’inhumain. Verveine Angeli témoigne : « Cela fait déjà 4 mois de guerre, pour celles et ceux du Donbass, cela a commencé en 2014 et ils et elles vont rejoindre des personnes déjà exilées. Selon le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés, 4,8 millions de réfugiés d’Ukraine ont été enregistrés à travers l’Europe d’après un décompte établi le 7 juin. On assiste à des coups de fils angoissés, à des adieux des enfants à leur père à la frontière… Du côté slovaque l’accueil n’est pas une bienvenue (c’est sans doute différent aux postes de frontière avec la Pologne ou la Roumanie). A 4 heures du matin, alors que les personnes sont dans le bus et à la frontière depuis 8 heures du soir, les réfugiées et les enfants sont pressé·es, leurs bagages descendus du bus sont fouillés sans ménagement, les ordres en anglais aboyés pour accélérer le contrôle. Une femme tzigane a droit à un traitement renforcé. »

Pour l’Union syndicale Solidaires, le soutien aux populations d’Ukraine et la lutte contre cette guerre ne doivent pas se faire au détriment d’autre champs de notre activité internationale, d’autres causes (Palestine, Kurdistan, Syrie, Françafrique, Afghanistan, etc.) A ce propos, dans la suite de liens anciens et repris en 2021, nous avons coorganisé la venue en France de militantes afghanes de RAWA, association de femmes qui luttent pour les droits des femmes, pour le respect des droits humains, contre la guerre, depuis 1977 et donc contre l’occupation soviétique, contre les talibans, contre l’occupation américaine, de nouveau contre les talibans … Retournons l’hypocrisie des capitalistes, des gouvernements occidentaux, des conservateurs et conservatrices, des réactionnaires à notre avantage : avec l’Ukraine, on peut donc participer au soutien, sous tous ces formes, à un peuple attaqué par un Etat ? Alors cessons de qualifier de terroristes celles et ceux qui s’opposent aux agressions envers les peuples palestinien, kurde, basque, etc. Avec l’Ukraine, l’accueil des personnes réfugiées est une cause d’Etat ? Alors cessons de criminaliser celles et ceux qui aident les populations qui émigrent de Syrie, d’Afghanistan, du Soudan, de Lybie. Les actes sont, en eux-mêmes, des éléments essentiels dans les processus de conscientisation vers la solidarité globale, l’égalité des droits, l’émancipation sociale. Ne boudons pas les élans de solidarité ; renforçons-les, amenons-les à se dépasser.

La dette de l’État ukrainien

Conséquence des politiques économiques dites libérales, la dette extérieure de l’Ukraine s’élève à 125 milliards de dollars [18]. Plutôt que de taxer les oligarques, de répartir différemment les richesses produites par les travailleurs et les travailleuses, le gouvernement ukrainien a préféré multiplier les emprunts à des créanciers privés sur les marchés financiers et se soumettre au Fond monétaire international (FMI) et autres institutions financières au service du capitalisme (Banque mondiale, Banque centrale européenne). Comme l’indique l’appel lancé par des militantes et militants d’Ukraine en mars 2022, « les dépenses liées au service de la dette pour 2022 devraient s’élever à environ 6,2 milliards de dollars. Cela représente environ 12 % de l’ensemble des dépenses dans le budget de l’État. La part du FMI dans le montant de la dette extérieure de l’Ukraine est de 2,7 milliards de dollars. Cela équivaut, en moyenne, au paiement de 16,5 millions pensions. » A cette situation déjà dramatique, il faut ajouter que l’Ukraine, un des pays les pauvres d’Europe, est, depuis février 2022, confrontée à la guerre, aux dépenses militaires que cela impose, aux destructions d’infrastructures, entreprises, logements dont la reconstruction coutera très cher, au coût des dépenses de santé pour toutes les victimes de la guerre, à la nécessité de fournir des logements aux personnes déplacées…

Comme en Russie, en Biélorussie ou encore au Kazakhstan, dès l’implosion de l’URSS, en 1991, le gouvernement ukrainien a multiplié les emprunts pour protéger le démentiel enrichissement des nouveaux oligarques (dont une partie d’anciens apparatchiks soviétiques) à qui les biens communs étaient bradés. Les très riches ont donc volé la richesse collective, puis ont concédé des prêts à l’Etat, avec des taux leur permettant de s’enrichir encore plus. Le capitalisme en deux leçons ! Parallèlement, les gouvernements ukrainiens se sont aussi adressés au FMI et consorts ; comme ailleurs, ces institutions ont imposé leurs conditions : la destruction des droits sociaux des travailleurs et travailleuses pour favoriser toujours plus les profits privés d’une minorité.

Bien entendu, la spirale infernale a fonctionné : le montant de la dette n’a fait qu’augmenter.

Le soutien syndical international, c’est aussi participer à la campagne pour l’abolition de la dette de l’Ukraine, dans la perspective tracée notamment par les syndicalistes de ce pays : à la place des emprunts qui enrichissent les 1% les plus riches, il faut taxer ceux-ci, les faire participer à « l’effort de guerre », eux qui d’ailleurs ne sont pas au front contrairement aux travailleurs ! On le comprend aisément, le gouvernement pro capitaliste de Zelensky n’appliquera pas cette solution ; la soutenir, l’expliquer, c’est permettre de faire comprendre plus largement dans les populations les contradictions de celui-ci et en quoi une perspective socialiste est nécessaire. Le gouvernement Zelensky a demandé un report de paiement, pas l’annulation de la dette ; fin juillet, plusieurs pays (dont la France, l’Allemagne, les Etats-Unis, le Japon) ont accordé une suspension du paiement des intérêts durant un an et demi ; bien sûr, pas l’annulation.

L’exigence d’annulation de la dette est une évidence ! Toujours avec ce souci internationaliste et d’émancipation sociale, les camarades syndicalistes d’Ukraine avec qui nous avons pu échanger ajoutent qu’une victoire sur ce point devrait être utilisée partout dans le monde, comme appui pour d’autres campagnes populaires d’annulation des dettes imposées par le FMI et autres institutions politicofinancières. Une dernière chose, qui n’est pas à proprement parler de l’ordre de la dette mais qui touche l’économie ukrainienne et montre l’hypocrisie des discours gouvernementaux occidentaux : l’armement livré, insuffisamment au regard de la puissance de l’armée russe, est facturé, et cher…

Dans le même registre, comparer ce que représente le montant total des dépenses pour l’aide à l’Ukraine par rapport à la richesse de chaque pays est instructif [19] : c’est l’Estonie qui y consacre la plus grosse part de son Produit intérieur brut, avec … 0,83%. Pour les Etats-Unis, c’est 0,216% ; dont 0,045% pour l’aide humanitaire, 0,050% pour l’aide financière et 0,121% pour l’aide militaire. La France dépense pour l’Ukraine 0,045% de son PIB, dont 0,005% pour l’humanitaire, 0,031% pour les finances et 0,009% pour l’aide militaire.

La solidarité par la culture … et aussi les finances

Parce que l’argent des travailleurs et des travailleuses doit être utilisé par et pour les travailleurs et travailleuses, les organisations syndicales doivent utiliser le Comité social économique (CSE), partout où cette structure existe. Directement ou via le Comité des activités sociales interentreprises (CASI), il est possible de financer des voyages en Ukraine, des dons de matériel (par exemple aux centres sociaux que gèrent les syndicats ukrainiens). Toutes les initiatives de ce type devraient être votées unanimement par les élu∙es CSE ou membres des CASI puisque s’inscrivant dans la solidarité syndicale internationale dont se réclame l’intersyndicale française (CFDT, CGT, FO, CGC, CFTC, UNSA, Solidaires, FSU). Le rôle des CSE en matière culturelle peut aussi être mis à profit. Grâce aux liens tissés avec divers mouvements sociaux, nous avons la possibilité d’organiser dans les bibliothèques, les cantines, les locaux syndicaux, les lieux de travail, des expositions de dessins d’une artiste et militante ukrainienne (Katya Gritseva [20]), de proposer des livres consacrés à la résistance ukrainienne, des interventions en visio avec des éditeurs et éditrices en Ukraine, … Tout ceci, pouvant être programmé conjointement à la venue de camarades ayant participé aux convois syndicaux vers l’Ukraine, afin qu’ils et elles racontent ces expériences, lors de réunions publiques. La solidarité financière directe des syndicats, fédérations, unions interprofessionnelles est aussi possible, et même nécessaire : chèque ou virement [21] à l’ordre du Convoi syndical.


⬛ Christian Mahieux, Julien Troccaz


[1] Un aperçu des liens entre mouvements contre l’armée et syndicalisme, dans le dernier quart du 20ème siècle en France : Théo Roumier, « Contester dans l’armée ; comités de soldats, antimilitarisme et syndicalisme dans les années 70  », Les utopiques n°5, juin 2017 ; Christian Mahieux, « Contester l’armée ; objection de conscience et insoumission dans les années 1970/80 », Les utopiques n°6, novembre 2017.

[2] Par exemple : www.laboursolidarity.org/Trois-campagnes-du-Reseau-europeen

[3] Le site du Réseau syndical international de solidarité et de luttes informe sur ces luttes.

[4] Nara Cladera, extrait des témoignages des représentant∙es de l’Union syndicale dans le convoi vers l’Ukraine du Réseau syndical international de solidarité et de luttes, avril/mai 2022.

[5] Voir à ce propos, les témoignages des camarades ayant participé aux convois syndicaux vers l’Ukraine, plusieurs interviews, textes ou vidéos disponibles sur Internet de militants et militantes d’Ukraine et du Bélarus, ou encore les 23 minutes du film d’ Enguerran Carrier, L’arme à gauche ; des révolutionnaires dans la guerre (www.youtube.com/watch?v=FHfLCDP10tk).

[6] Police dite anti-émeute.

[7] Voir les articles « Belarus » sur le site www.laboursolidarity.org

[8] Tchéka, GPU, NKVD, MVD, KGB depuis 1954, une longue tradition répressive. Au Bélarus ce corps répressif a gardé le nom datant de la période soviétique ; en Russie, il été toiletté … lexicalement, puisque dénommé FSB depuis 1991. Poutine était officier du KGB.

[9] Ainsi qu’au Bélarus ou en Russie, bien sûr. Si nous développons plus longuement sur l’Ukraine, c’est parce que concrètement ce soutien est réalisable vers la population et les organisations progressistes de ce pays, comme nous en donnons un aperçu dans ce texte -et nous ne prétendons nullement à l’exhaustivité, loin de là. Vers le Bélarus et la Russie, nous devons actuellement nous limiter à transmettre les informations, faire entendre les paroles transmises souvent de l’intérieur par des militantes et militants en exil, organiser des campagnes solidaires internationales. Ce n’est pas rien, mais cela ne remplace les indispensables contacts directs, aujourd’hui quasi impossibles avec le Bélarus, extrêmement réduits avec la Russie.

[10] www.laboursolidarity.org

[11] Services départementaux d’incendie et de secours (les pompiers).

[12] www.ozzip.pl « Initiative des travailleurs », organisation anarchosyndicaliste polonaise, membre du Réseau syndical international de solidarité et de luttes. 

[13]   Hortensia Ines, extrait des témoignages des représentant∙es de l’Union syndicale dans le convoi vers l’Ukraine du Réseau syndical international de solidarité et de luttes, avril/mai 2022.

[14] www.ukraine-solidarity.eu

[15] www.syllepse.net 

[16] Pas question de se limiter aux personne « de nationalité ukrainienne » !

[17] Voir sur le site de Solidaires, la campagne pour la régularisation des grévistes sans-papiers de RSI, DPD et Chronopost.

[18] Éric Toussaint du Collectif pour l’abolition des dettes illégitimes (CADTM) précise : « 80 % dus à des créanciers privés, 15 % dus à des institutions multilatérales comme le FMI et la Banque mondiale, 5 % de dettes bilatérales dus à des pays comme la Chine, la France, l’Allemagne et d’autres pays de l’Union européenne et la Russie. »

[19] Source: Antezza et al. (2022), Kiel Working Paper, “The Ukraine Support Tracker”.

[20] Jeune artiste révolutionnaire refugiée à l’académie de Lviv, syndicaliste étudiante et membre de Sotsialniy Rukh, dont des dessins sont repris dans ce numéro.

[21] FR12 2004 1000 0127 9649 6A02 006 – PSSTFRPPPAR. La Banque postale Centre financier Paris.


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