L’anarcho-syndicalisme espagnol à l’heure de la Transition – Entre recomposition et déconstruction ?

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Espoirs déçus. Engagements antifranquistes et libertaires durant la transition démocratique espagnole ; Tout le pouvoir à l’assemblée ! Une histoire du mouvement ouvrier espagnol pendant la transition (1970-1979) ; La transition en Rouge et Noir. CNT (1973-1980) [1] : A travers un certain nombre de livres sortis ces dernières années, ainsi que le sous-titrage de documentaires espagnols tel que Le temps des cerises [2] ou encore COPEL : une histoire de révolte et de dignité [3], la période dite de la Transition, connaît un regain d’intérêt des milieux militants français [4]. En Espagne, le sujet n’est pas oublié, loin s’en faut, et un simple tour des bibliographies des livres de Reyes Casado Gil et Arnaud Dolidier suffit à s’en convaincre. Dernier exemple important en date, le film el Entusiasmo [5], dont le titre ne nécessite pas de traduction.
[1] David Rappe, Espoirs déçus. Engagements antifranquistes et libertaires durant la transition démocratique espagnole, Atelier de création libertaire, 192 pages, 12 euros, mai 2020 (nouvelle édition revue et augmentée novembre 2021) ; Arnaud Dolidier, Tout le pouvoir à l’assemblée ! Une histoire du mouvement ouvrier espagnol pendant la transition (1970-1979), éditions Syllepse, 294 pages, 18 euros, mai 2021 ; Reyes Casado Gil (traduction de Violette Marcos), La transition en Rouge et Noir. CNT (1973-1980), éditions du Coquelicot, 249 pages, 18 euros, 2022 (1ère édition 2018).
[2] Que l’on peut voir ici en vostfr : www.portaloaca.com/videos/documentales/documental-el-tiempo-de-las-cerezas-1977-1979-eclosion-libertaria/
[3] www.youtube.com/watch?v=CmwQ76fibMo&t=6s
[4] N’oublions pas de ce côté-ci des Pyrénées, les documentaires de Pierre Carles (Ni vieux ni traîtres, 2006) ou de Nicolas Réglat (GARI !, 2013), les témoignages de Jann-Marc Rouillan (De mémoire I, II et III, éditions Agone) ou quelques opus comme Toulouse, années 80, un certain goût pour le sabotage d’Anne Carratié (éditions du Coquelicot, 2013) ou encore Le pari de l’autonomie, récits de luttes dans l’Espagne des années 70, traduit et publié en français en 2018 aux éditions du Soufflet. On peut y ajouter : Gonzalo Wilhemi, Le mouvement libertaire pendant la transition Madrid 1975-1982, éditions du Coquelicot, à paraitre en janvier 2023.
[5] Film documentaire de 2018 qui nous replonge, grâce à un travail de recherche archivistique important, dans l’ambiance de la Transition du côté cénétiste et libertaire. Le film est accessible, mais payant, ici et en vostfr : www.elentusiasmo.com/


Guillaume De Gracia, docteur en anthropologie (Paris 8) a travaillé sur l’Argentine et notamment publié un livre aux éditions Syllepse en 2016 (De sueur et de sang). Il est professeur d’Histoire-Géographie dans le secondaire et syndiqué à SUD Éducation 31-65 après être passé par la CNT-AIT, la CNT-F et Solidaires Étudiant∙es au Mirail. Rédacteur d’une postface dans le cadre de la réédition d’un livre de Louis Mercier Vega, Autopsie de Perón, publié aux éditions l’Atinoir fin octobre. Il est également collaborateur régulier de la revue Chroniques Noir et Rouge, co-fondateur et membre des Éditions Sans Nom (Toulouse).


Manifestation en faveur de la liberté d’expression, Barcelone, 1977. Illustration figurant dans Tout le pouvoir à l’assemblée ! Une histoire du mouvement ouvrier espagnol pendant la transition (1970-1979). [DR]

Parfaite période d’invisibilisation des tensions pourtant bien réelles à la base de la société espagnole des années 1970, il faut préciser pour les lecteurs et lectrices peu au fait de l’histoire de la péninsule que cette fameuse Transition désigne dans sa forme longue la Transición democrática española (Transition démocratique espagnole), qu’on borne usuellement de la mort du dictateur, le 20 novembre 1975, (Francisco Franco Bahamonde décède ce jour-là d’un choc septique après plusieurs semaines d’agonie), aux élections législatives du 28 octobre 1982 qui voient la victoire, à la majorité absolue, du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE). Sept longues années pendant lesquelles les historiographies officielles, tant de ce côté-ci des Pyrénées que du côté ibérique, vont à dessein occulter les remous et les velléités, y compris révolutionnaires, des peuples d’Espagne [1], en se cachant derrière un double mouvement : les pactes économiques dits « de la Moncloa » de 1977 ; le processus politique constitutionnaliste auquel participe y compris un communiste catalan -en la personne de Jordi Solé i Tura- qui aboutit en 1978 [2]. Un double mouvement, dont l’objectif avoué est de faire entrer le pays dans une forme de modernité, adoubée tant par les forces eurocommunistes espagnoles que sociales-démocrates (qui, à l’époque, se sont expurgées, les unes comme les autres, de leurs éléments les plus radicaux). Un double mouvement consacrant donc la couronne comme horizon indépassable de l’organisation politique du pays. La République sociale pouvait attendre, les préoccupations politiques et économiques du prolétariat aussi. L’important semblait être d’éviter une nouvelle guerre civile, que la terreur déchaînée par les groupes armés clandestins tardofranquistes [3], à laquelle répondaient les actions basques et libertaires notamment, faisait craindre ou fantasmer. Pendant ces années de Transition, on compte 3 200 actions violentes et 700 morts, soit un degré de violence équivalent à celui que connaît l’Italie pendant les années de plomb qui, elles, dureront environ deux décennies. Un double mouvement, que Freddy Gomez [4] nomme malicieusement « transition-transaction ». Car il s’agit bien de cela finalement : une transaction visant à faire accoucher au forceps le capitalisme néolibéral et le « Marché commun » européen dans le dernier grand pays d’Europe occidentale à en être écarté [5].

Mais tout le prolétariat ne l’entend pas de cette oreille. Une grande partie de ce dernier, soit sous l’égide de la CNT anarcho-syndicaliste, elle-même en pleine reconstruction-déconstruction, soit de manière parfaitement autonome, en bénéficiant du soutien de camarades français, soit y compris en coordination avec des Commissions ouvrières (CCOO) pas encore tout à fait tombées sous l’influence de l’eurocommunisme du Parti communiste d’Espagne (PCE), va se mobiliser. Ce sont ces multiples facettes qu’étudient les trois livres de David Rappe, Arnaud Dolidier et Reyes Casado Gil. Les multiples facettes d’une praxis anarcho-syndicale qui a tant marqué le pays avant, pendant et bien après la Révolution de 1936 ; au point que je ne peux m’empêcher de considérer que sa permanence actuelle, même réduite, marque le véritable échec du franquisme et de ses successeurs… [6]

Il faut ouvrir ici une parenthèse : l’Espagne franquiste n’est pas marquée par le sceau du déni syndical, au contraire. Comme dans beaucoup de pays totalitaires ou fascistes, le monde du travail est organisé dans un syndicat, officiellement nommé Organisation syndicale espagnole (OSE), mais que tout le monde nomme le Syndicat vertical (tout un programme). Un syndicat dans lequel sont régulièrement convoquées des élections des représentants des ouvriers (jurados de empresa), dont vont s’emparer les membres du PCE afin de détourner cet outil, se le réapproprier dès le milieu des années 1950, mais surtout en 1963 [7]. A l’extérieur du syndicat vertical (et dans un contexte d’interdiction des centrales historiques UGT [8] et CNT), la fin des années 1950 voit se multiplier les Commissions ouvrières [9] dont « on ignore l’origine […], bien que plusieurs auteurs les fassent remonter aux luttes de 1956-1958 et de 1961-1962 […]. Au début, elles furent constituées de communistes, de catholiques et de phalangistes dissidents du Mouvement national ; elles étaient indépendantes de toute formation politique, s’organisaient spontanément, alternant dans les luttes actions légales ou illégales, et disparaissaient lorsque le conflit prenait fin » [10]. Si l’on ajoute à cela le fait que ces commissions étaient assembléistes, on peut considérer qu’elles baignaient dans une « ambiance » plutôt anarcho-syndicale, sans que les ancien∙nes militant∙es de la CNT n’y aient forcément beaucoup pesé, si ce n’est quelques figures historiques de la CNT d’avant-guerre et dans des régions à la pratique fortement ancrée, comme dans les Asturies. Un mouvement ouvrier dont la praxis l’a fait taxer par certains de « Mouvement (ouvrier) intuitif » [11], dans la mesure où il n’avait pas besoin de direction pour savoir comment s’organiser, lutter et vaincre.


Les trois livres ici évoqués.

Cette forme assembléiste, elle, va caractériser une bonne partie de la praxis ouvrière des années 1970 et sera d’ailleurs fortement encouragée par les cénétistes, qui y voient une remise au goût du jour de leurs propres pratiques. Ce n’est qu’en octobre 1976 que les CCOO se transforment en un syndicat d’affiliation à proprement parler [12]. Mais ce processus de transformation des Commission ouvrières, opérant le passage d’un « mouvement sociopolitique à [un] syndicat » ne s’achèvera qu’en mai 1978, lors de leur premier congrès et de l’élection du dirigeant historique communiste, Marcelino Camacho à la tête de cette nouvelle centrale. Pourtant, les CCOO vont tenter, du moins dans le discours, de maintenir cette idée du rôle de l’assemblée comme constituant la base même de la culture ouvrière et du syndicat comme simplement au service de la démocratie ouvrière, tout en le nuançant, puisque lors de la grève générale et politique de 1976 dans la ville catalane de Sabadell (près de Barcelone), elles (ainsi que le PCE) voient la démonstration de la nécessité que les mobilisations ouvrières aient « deux organes différents : d’un côté les représentants syndicaux (cerveau de la mobilisation), de l’autre les ouvriers (corps de la mobilisation) » [13] .

En parallèle et à partir du milieu des années 1950, l’Espagne s’ouvre peu à peu aux influences extérieures et notamment, étasuniennes, dont les bases militaires sévillanes vont servir de « zone franche » d’échanges culturels, important dans la péninsule des influences, entre autres, beatniks et hippies, qui serviront peu à peu de cheval de Troie à un mouvement anarchiste rénové [14]. Car il faut avoir à l’esprit que les 40 années de dictature ont transformé la CNT en une sorte de « formule magique », capable de résoudre bien des problèmes, du moins selon les jeunes générations de libertaires qui n’ont pas connu la révolution mais seulement la dictature. Il faut d’ailleurs insister sur un fossé générationnel, marqué par l’absence quasi-totale des 30-60 ans parmi les militants et les militantes à la fois de la contre-culture (ou culture underground) et des groupes autonomes qui se multiplient fin 1960/début 1970. Si cette absence s’explique par la répression subie tout au long du franquisme par les générations d’immédiates après-guerre (nées à la fin des années 1930), elle aboutit à ce que se regardent en chiens de faïence de très jeunes gens souhaitant explorer tous les domaines que la liberté de l’Occident était censée leur permettre et des ancien∙nes, dont la rigidité et le souvenir d’un peuple en armes, et sans doute un désir de vengeance, amènent à ne pas vouloir prendre en compte les évolutions de la société espagnole de ces années et donc, à ne pas revoir les questions tactiques et stratégiques. Une opposition générationnelle qui se double par ailleurs d’une opposition géographique entre militant∙es de l’extérieur (de l’exil, avec ses propres divisions internes) arc-bouté∙es sur leur passé de l’âge d’or (ou héroïque) de l’anarcho-syndicalisme et militant∙es de l’intérieur, confronté∙es directement à la réalité du franquisme.

Parmi ces jeunes militants et militantes autonomes, on peut retenir de ce côté-ci des Pyrénées, le nom de Bernard Pensiot, syndicaliste et anarchiste dont la proximité avec la frontière (il vit à Perpignan dans les années 1970) va l’amener à s’engager dans la lutte antifranquiste [15]. Et le conduire à la Modelo de Barcelone, à l’intérieur de laquelle il participe au mouvement COPEL (Coordination des prisonniers en lutte – Coordinadora de los presos en lucha [16]). Si le cœur de l’activité du groupe perpignanais n’est pas spécifiquement l’action, la tactique et la stratégie syndicale de la CNT ou des groupes autonomes ouvriers impliqués dans des grèves parfois très dures -comme à Roca, dans la ville catalane de Gavá, à la fin 1976 [17]– l’aréopage des militants et militantes qui s’organisent autour du local L’Escletxa (« La brèche » en catalan) est, pour beaucoup, issu des rangs syndicaux, espagnols et français… Qu’il s’agisse de matériel de propagande visant à expliciter l’organisation des jeunes français∙es dans l’après 68, d’armes afin de lutter efficacement contre les nervis patronaux et fascistes, d’explosifs servant à de futurs sabotages, d’appels à la reconstruction de la CNT, etc., beaucoup de tracts et livres, matériel et exfiltration ont tout de même à voir avec la réorganisation de la centrale historique du peuple espagnol ou avec l’auto-organisation des travailleurs et travailleuses en dehors de toute structure syndicale.


Manifestation contre le pacte de la Moncloa. [Coll. A. Bosqued]

Ce travail de recomposition de la CNT va d’ailleurs être effectif et prometteur jusqu’en 1977 et les suites immédiates de la signature des pactes de la Moncloa. Alors que l’UGT, les CCOO et l’USO (Union syndicale ouvrière, initialement chrétienne) ont fondé une éphémère coordination syndicale  visant à rejeter ces pactes, les partis politiques auxquels ces centrales sont inféodées vont rapidement rentrer dans le rang et laisser un boulevard protestataire à la CNT que l’État tentera, dès lors, de désarmer autrement : ce sera l’affaire Scala [18] et une répression extrêmement violente qui va s’abattre sur la confédération en reconstruction, terrorisant de fait des milliers d’affilié∙es qui rendront leurs cartes sans demander leur reste. Cependant, les tentatives étatiques pour contrer l’expansion de la confédération ne sont pas les seuls facteurs explicatifs de ses difficultés à acquérir une stature équivalente à celle de la période pré-dictatoriale que les près de 300 000 militants et militantes qui y cotisant en 1977 laissaient pourtant présager. Entre autres problématiques, on peut citer : « l’abîme […] entre générations de militants, le poids de l’exil » [19] mais aussi, « l’absence, spécifiquement anarcho-syndicaliste de l’organisation » [20]. Si les deux premiers facteurs sont éminemment historiques et n’ont de pertinence que dans le contexte précis de la Transition -pour la CNT-, le dernier intéresse au-delà, les personnes se penchant sur l’histoire, la stratégie et la tactique syndicale et pose question au syndicalisme de transformation sociale et/ou révolutionnaire. Car la problématique qu’affrontent encore certains groupes ou individus se réclamant toujours de l’anarcho-syndicalisme, est une dichotomie entre pratique et théorie très vive : faut-il ou pas syndiquer des personnes ne connaissant rien aux discours, pratiques et théories anarcho-syndicales ? L’une des erreurs de la CNT espagnole de cette fin des années 1970 aura été donc d’accepter en théorietoute personne, sans considération de ses opinions politiques et religieuses (excluant cependant des postes à responsabilité les représentants de sectes ou de partis politiques) mais, dans la pratique, ne tolérer que des « anarchistes » dont l’Espagne comptait alors pléthore de courants, groupes, sensibilités, etc., qui formait un ensemble bien peu homogène. L’autre erreur, qui mènera d’ailleurs à la scission créatrice de la CGT-E quelques années plus tard, sera l’absence de discussion de fond sur les questions stratégiques et tactiques que devait affronter la confédération dans la nouvelle Espagne. Parmi celles-ci : les questions relatives à la participation aux élections professionnelles ou encore à l’acceptation des subventions d’État (ou des municipalités). On se souviendra que les cégétistes français du début du XXe siècle n’étaient pas favorables à l’instauration de régimes de retraites, car cela supposait une permanence de l’État et du Capital et donc, repoussait la Révolution. On connaît la suite, mais on peut la résumer par cette dichotomie toujours opérante entre organisation syndicale (au sens révolutionnaire s’entend) et organisation spécifique [21].


Rassemblement de la CNT : « Travailleur, ne fais pas confiance aux pactes de ceux qui ne travaillent pas. Non au pacte de la Moncloa. » [Coll. A. Bosqued]

A l’aune de cette histoire de l’anarcho-syndicalisme au cours de la Transition espagnole, on peut s’autoriser quelques réflexions finales qui paraissent toujours d’actualité pour notre type de syndicalisme :
– > le cas Scala par exemple, interroge la place que laisse l’État au développement de luttes vraiment radicales et son degré de tolérance vis-à-vis d’elles. Nous l’avons vécu il y a peu, avec les Gilets Jaunes, et ces questionnements ne sauraient se réduire dans un contexte de crise aiguë économique, énergétique, climatique et environnementale ;
– > de cette première interrogation découle une deuxième question d’importance : jusqu’où utiliser la « violence » en tant que syndicalistes [22] ? Et quelles parties ou fractions du peuple sont en capacité de supporter (dans toutes les acceptions du terme) une forme de violence radicale, voire de l’exercer dans un but explicitement révolutionnaire ?
– > enfin, et cette dernière remarque me semble toujours d’une vive actualité, cent ans plus tard : le prestige de la CNT espagnole dans les années 1970 réactualisait d’une certaine manière (moindre certainement) cette problématique posée par Georges Sorel au syndicalisme révolutionnaire : quel mythe mobilisateur est-on en capacité de construire afin d’embarquer une partie suffisante de la population dans une perspective de Révolution sociale ?


Guillaume De Gracia


[1] Quelques temps avant de mourir, Franco avait eu ce mot : « Todo ha quedado atado y bien atado », (« Tout est ficelé, bel et bien ficelé »). Le parlement franquiste venait d’accepter que le successeur de Franco soit son candidat désigné : Juan Carlos de Borbón. Entre autres ligatures, les peuples basques et catalans auxquels on refusa toute forme d’indépendance.

[2] Constitution toujours en vigueur aujourd’hui.

[3] « Franquistes de la fin ».

[4] Dans son avant-propos au livre de David Rappe.

[5] Qui n’autorisait en son sein que des « démocraties ».

[6] Ailleurs, notamment dans mes travaux historiques sur l’Argentine, j’ai évoqué la question d’une subculture libertaire ayant marqué cette République australe. Je pense que l’on peut parfaitement évoquer cette notion pour l’Espagne du XXe siècle.

[7] Pour autant, les militants communistes créent en 1959 un syndicat : l’Opposition syndicale ouvrière (OSO).

[8] Union générale des travailleurs, socialiste, avec qui la CNT mit en place la Hermandad Proletaria (HP ou Fraternité prolétarienne) pendant la guerre civile.

[9] Comisiones Obreras en espagnol, en abrégé CCOO.

[10] Reyes Casado Gil, page 50.

[11] Selon une expression relevée dans le documentaire el Entusiasmo.

[12] Qui, soit dit en passant, est toujours le premier syndicat du pays aujourd’hui en termes d’adhérent∙es

[13] Arnaud Dolidier, page 149.

[14] Reyes Casado Gil, premier chapitre.

[15] C’est David Rappe, historien, syndicaliste et historien du syndicalisme, dont on se souvient de l’ouvrage sur la Bourse du travail de Lyon également paru aux éditions ACL, qui se lance dans la reconstitution du combat de Bernard Pensiot.

[16] La Modelo est la prison construite sur le modèle du panoptique, à Barcelone. Le numéro 18 des Utopiques, « la prison : réalités et alternatives » a consacré un article, de Daniel Guerrier, à ce sujet ; David Rappe a d’ailleurs prêté un extrait de son livre à cette occasion. Je ne m’attarde donc pas sur ce point.

[17] Qu’Arnaud Dolidier exhume et relate avec précision dans son propre ouvrage.

[18] L’incendie d’une salle de spectacle très connue de Barcelone avait provoqué la mort de quatre ouvriers, dont deux cénétistes. Les responsables présumés étaient de jeunes anarchistes autonomes. Depuis, il a clairement été prouvé qu’il s’agissait d’une manipulation des services de police espagnols.

[19] Reyes Casado Gil, page 118.

[20] Ibid.

[21] Reyes Casado Gil, page 209.

[22] La « violence » est pour moi -et je reprends en cela la catégorisation de Slavoj Žižek- de trois ordres : subjective (la violence physique, brute, que tout un chacun connaît pour l’avoir subie, exercée ou vue) ; symbolique (concept emprunté à Pierre Bourdieu, d’une violence à la fois infra inconsciente, verbale et institutionnelle) ; systémique (caractérisée par l’ensemble des éléments, institutions, forces armées, conceptions, stratégies, etc. faisant système dans une culture/civilisation donnée). Cette violence exercée par les dominants sur les dominé∙es peut être renversée dans certaines conditions et utilisée par notre camp, mais, soyons clairs, des bris de vitrine ou de matériel urbain ne sont pas des actes de violence : tout au plus, de sabotage.


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