Besançon : retraité.es syndiqué.es et Gilets jaunes

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Nous nous sommes retrouvé.es sur les ronds-points, ensemble, dès décembre, car on avait plus de temps à y consacrer que les actifs et actives. Les retraité.es ont souvent un plus petit revenu, sans espoir d’amélioration et l’angoisse d’une détérioration, donc des raisons de se révolter ; les retraité.es commencent aussi, pour certain.es, à être atteint.es d’handicaps ; les raisons de la colère sont multiples. Syndiqué.es, ancien.nes syndiqué.es, jamais syndiqué.es, cela n’a jamais été un problème, car le but est de mettre le plus de gens dans la rue et chacun.e peut amener son savoir, sa part de mobilisation.

Raymonde,85 ans,vit avec la pension de réversion de son mari décédé (cheminot, résistant à 17 ans dans les maquis du Haut-Doubs); ici,lors d’une manif à Besançon

Les ancien.nes sont plus pragmatiques, plus diplomates ; faire des choses ensemble n’a pas été difficile. Ici, à Besançon, en octobre 2018, l’intersyndicale des retraité.es avait mis en place une liste mail des non syndiqué.es qui venaient à nos manifs ; comme c’est moi qui gérais la liste, je l’ai élargi aux GJ retraité.es à partir du 18 décembre, à l’occasion de notre manif de retraité.es où on avait déjà convié les GJ à venir. Mais la majorité des noms de cette liste a été récupérée pendant les actes des GJ. Pour la manif du 31 janvier, l’invitation à notre manif a été faite « officiellement », lors d’une AG des GJ ; et le 31, la couleur jaune était bien représentée. En février, Solidaires, FSU, CGT et GJ, nous avons organisé un grand débat spécial retraité.es ; à la suite de celui-ci, un cahier revendicatif fut élaboré. Ce cahier, nos tracts qui appellent à nos manifs, sont confiés à un plus jeune pour qu’il le poste sur la page Facebook des GJ, toujours sans problème.

En mars, j’ai recueilli l’adhésion à Solidaires de 2 GJ qui sont venus à une de nos réunions après une manif. Je pense qu’on pourrait faire mieux si on le proposait à d’autres retraité.es ; on verra plus tard suivant ce que devient le mouvement. Pour la manif du 11 avril, nous avons invité deux GJ à l’intersyndicale de préparation et notre tract unitaire arborait le logo des Gilets jaunes Se voir tous les samedis et le mercredi soir tous les 15 jours, tisse des liens aussi importants, et même plus, que ceux qu’on peut avoir avec des camarades syndiqué.es : depuis 5 mois, on vit ensemble l’espoir de changer cette société qui n’est pas la nôtre, on subit l’Etat policier, on ne veut pas céder.

Tant que ma « mamie fétiche », Raymonde (85 ans), sera là, on ne lâchera rien ; elle a fait presque toutes les manifs, elle ne rentre chez elle que lorsque les premiers gaz lacrymos sont lancés et ce n’est pas facile car le préfet supprime tous les bus en centre-ville. Nous avons plusieurs ancien.nes de plus de 80 ans qui passent dans nos manifs ; ils et elles n’ont pas peur, ils et elles peuvent être même très joyeux et joyeuses. Charles Piaget (91 ans) est venu trois fois en décembre ; mais après, avec l’hiver et la fatigue, il a dû arrêter. J’ai sondé quelques ancien.nes, qui sont là depuis le début et n’ont pas l’intention d’abandonner, pour savoir ce qui les a mis dans la rue : la baisse ou stagnation des pensions ; les charges incompressibles du logement qui grimpent tous les ans et l’APL qui diminue ; la retraite minuscule (760€) d’une femme d’artisan qui a travaillé 43 ans mais pas cotisé (quel avenir si son mari décède avant elle ?); l’angoisse pour l’avenir de leurs enfants, avec des travails intermittents ; le mépris de Macron pour les petites gens et les retraité.es ; l’angoisse d’avoir à quitter une maison où elle a élevé é 6 enfants quand son mari décédera… La liste est longue. Trop longtemps sans rien dire ou pas écouté, cette société non démocratique, ça ne pouvait plus durer ! Ils et elles pensent voir, un jour, un monde différent, où tous et toutes auront de quoi vivre décemment et libre, dans la fraternité déjà retrouvé dans le mouvement des Gilets jaunes. Le 1er mai s’annonce très solidaire…

Brigitte Sourrouille

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Brigitte SOUROUILLE

Cheminote retraitée, Brigitte Sourrouille est militante de SUD-Rail et de l’Union nationale interprofessionnelle des retraité.es Solidaires (UNIRS) où elle représente sa structure départementale au Conseil d’administration.