Michel Desmars

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Michel Desmars en 1968

Né le 10 août 1942, Michel Desmars est décédé le 21 décembre 2021. Entre ces presque 80 années, il y a 60 ans de militantisme pour l’émancipation sociale, contre l’exploitation, pour la solidarité ouvrière, contre l’inutile hiérarchie, pour le communisme libertaire, la démocratie, l’écologie, l’auto-organisation, contre le « communisme » autoritaire, la bureaucratie, la destruction de la terre, l’encasernement. Et encore bien d’autres choses ; avec un fil rouge : le syndicalisme.

Entré dans le monde du travail en 1961, Michel embauche à la SNCF en septembre 1964 au dépôt de Saint-Pierre-des-Corps, comme conducteur de trains […] Trésorier de syndicat FO en Loire-Atlantique, puis secrétaire du syndicat des cheminots FO de Tours de 1965 à 1969 et membre de l’UD-FO d’Indre-et-Loire, il sera exclu de FO en septembre 1969 après la grève des agents de conduite sur la réglementation du travail.

À Tours, pendant le mouvement de mai 1968, Michel est l’un des animateurs […] du Comité d’action révolutionnaire (CAR) qui regroupe des lycéens, étudiants et ouvriers de toutes tendances […] Il anime le Comité d’action Cheminots, en collabo- ration avec le journal Les Cahiers de Mai (1968 à 1973) créé par des étudiants, des ouvriers, des intellectuels participant activement au mouvement de Mai. Il collabore au bulletin des cheminots Action-Cheminots (mars 1970 – printemps 1971) dont il est le directeur de publication […]

Il rejoint la CFDT en 1974 et prend rapide- ment des responsabilités syndicales. Il contribue à ce que Saint-Pierre-des-Corps soit le premier dépôt SNCF où la CFDT devient première organisation syndicale de l’établissement. Michel est secrétaire général de l’Union professionnelle régionale (UPR) de Tours de 1976 à 1979. Après les élections professionnelles de février 1978, il est nommé délégué du personnel auprès du directeur général de la SNCF. Il fait également partie du groupe technique national des agents de conduite à partir de 1977 et en devient le responsable en même temps qu’il est élu au secrétariat fédéral en mai 1980, puis dégagé comme permanent syndical en juin 1980.

Il est donc membre de l’exécutif de la Branche cheminots CFDT lorsque celle-ci est suspendue par décision de la Fédération générale des transports et de l’équipement, en date du 3 juin 1981. Cette situation, qui durera jusqu’en octobre 1981 et vit même la FGTE/CFDT demander à la SNCF d’être reconnue en lieu et place de la Branche cheminots CFDT, ne sera qu’un épisode dans la suite du congrès fédéral de mai 1980 marqué par un affrontement particulièrement dur entre pro-confédéraux et oppositionnels. Au congrès confédéral CFDT de Metz, en 1982, il représente le syndicat de Tours ; avec celui de Villeneuve-Saint-Georges, il organise un forum de débat au sein même de l’enceinte du congrès, rassemblant 300 délégué·es ; 135 syndicats (dont 17 de cheminots) cosignent une déclaration critiquant la politique confédérale, en matières revendicative et démocratique […]

Il reprend son service à la SNCF en juil- let 1983. Lors de l’AG des syndicats de la Branche cheminots en octobre 1986 à Lamoura, il intervient pour dire que sa candidature s’inscrit dans la construction d’un syndicalisme frontalement opposé à la direction SNCF, au patronat et aux gouvernements et sans discontinuer au service des travailleurs et des travailleuses ; il est réélu au secrétariat fédéral. C’est en tant que secrétaire fédéral de la CFDT cheminots que Michel est présent à l’assemblée générale des agents de conduite de Paris Nord qui décident la grève à partir du 18 décembre 1986 ; il mettra l’outil syndical à disposition, faisant connaître dans tous les dépôts SNCF les propositions issues de l’AG et participera activement à la grande grève des cheminots et cheminotes de l’hiver 1986/1987.

Michel est de nouveau réélu au secrétariat fédéral de la CFDT cheminots lors de l’assemblée générale d’avril 1989 à Port-Leucate (Aude). Au début de l’année 1990, les cheminots des régions de Tours et de Toulouse expédient un train humanitaire en Roumanie : Michel participe à l’expédition du 28 janvier au 2 février et aux rencontres avec les cheminots de Bucarest. En 1990-1991, il est le principal négociateur pour la CFDT de la nouvelle grille de rémunération SNCF, en partie liée aux suites de la grève de 1986-1987, et il s’impliquera fortement pour que celle- ci ne soit pas rejetée lors de l’AG de la Branche CFDT Cheminots du 6 juin 1991.

Michel participe activement aux combats de la « gauche CFDT » : à l’occasion des congrès fédéraux et confédéraux, mais aussi avec le souci de se doter d’outils utiles aux équipes syndicales, comme les revues Résister à partir de 1979, Alternative syndicale à partir de 1983, Collectif à partir de 1987, ou encore Les cahiers syndicaux (d’avril 1987 à décembre 1995). En Haute-Garonne, Michel fut des principaux animateurs de la revue Collectif 31.

Il part à la retraite en août 1992, s’installe à Toulouse et milite ensuite dans les associations comme Agir ensemble contre le chômage (AC !), Droit au logement (DAL), mais aussi à l’Union régionale des retraités CFDT jusqu’en 1995. Il participe à la création de SUD-Rail en 1996, est chargé de la mise en place de la liaison des retraité·es, et participe activement aussi à la création du syndicat SUD-Rail Midi-Pyrénées.


Michel à Sao Paulo, pour une rencontre syndicale internationale, en 2016

Parallèlement, il est toujours actif dans l’interprofessionnel en Haute-Garonne, où il contribue à la création et au développement de ce qui deviendra l’Union syndicale Solidaires. Il poursuit ses activités au sein de la fédération SUD-Rail par une aide à la formation syndicale et à la commission internationale. À ce titre, il se rend disponible pour de nombreuses initiatives syndicales internationales (en Ukraine, en Palestine, au Mali, en Bosnie-Herzégovine, au Brésil, en Tunisie, en Corée, au Maroc, au Burkina, au Sénégal, en Espagne, etc.), sou- vent avec de jeunes militantes et militants à qui il transmet son expérience, à travers sa pratique, ses récits.


Lors des débats « l’autogestion dans les années 68 », dans les locaux de l’Union syndicale Solidaires.
Voir : www.lesutopiques.org/ autogestion-mai-68-videos

Après avoir joué un rôle important dans les Marches contre le chômage et la précarité lancées en France par AC !, Michel participe aussi aux Marches internationales ; ainsi, en 1997, il est parmi les marcheurs et marcheuses qui allèrent de Tanger à Amsterdam.

Il participe en 2005 à Dakar, à la création du Réseau Rail Sans Frontière, dont il assurera la production du bulletin d’information de 2011 à 2016, tout en participant aux rencontres internationales de ce Réseau.

En 2018, il fait partie de la délégation SUD- Rail/Solidaires aux troisièmes rencontres du Réseau syndical international de solidarité et de luttes, à Madrid.

Michel a contribué à la formation de nombre de militantes et militants : par sa pratique quotidienne durant des années, alliée au souci de transmission et à la volonté de construire dans la durée des outils permet- tant l’organisation des travailleurs et travailleuses pour leur émancipation. Il a signé plusieurs textes d’un pseudonyme qu’il utilisa ensuite pour son adresse mail : Vouvray, un clin d’œil à la Touraine, au vignoble, au « bon vivant » partageur qu’il fut.


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