La liberté est dans mon cœur

Le mardi 27 octobre 20201 au Centre de détention de Muret (Toulouse) 29 prisonniers se révoltent. Ils refusent de réintégrer les cellules et bloquent la promenade pendant 5 heures à la suite de l’annonce de la fermeture des parloirs famille et les unités de vie familiales ainsi que la mise en place d’un protocole sanitaire de plus sur le linge. Ils exigent de ne plus avoir de séparations lors des parloirs, que soit levée l’interdiction de contact avec les proches et que de nouveau les colis de linge et ceux de Noël soit autorisés … Les ÉRIS (Equipes régionales d’intervention et de sécurité) interviennent, plusieurs mutins sont placés au mitard et transférés. Crève la taule !

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Abolitionnisme : entretien avec Gwenola Ricordeau

Au tournant des années 1970-80 s’est formée la première vague de l’abolitionnisme pénal. Elle a profondément renouvelé le champ de la criminologie critique et les réflexions sur le crime, la peine et la prison. Gwenola Ricordeau fait découvrir ce courant de pensée qui inspire aujourd’hui les mouvements pour l’abolition de la police et de la prison, mais invite aussi à repenser la peine et le statut de victime.

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Bolloré : Main basse sur le livre

L’OPA que va lancer le groupe Vivendi sur Lagardère va provoquer un séisme pour le monde de l’édition et du livre. En effet, la fusion, ou tout au moins la combinaison dans un seul groupe, d’Editis (branche d’édition de Vivendi, numéro 2 de l’édition en France avec 725 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2020) et de la branche d’édition de Lagardère, Hachette Livre (2,4 milliards de chiffre d’affaires en 2020), représentera à terme la moitié du chiffre d’affaires de l’édition en France.

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Le Comité d’action des prisonniers et ses suites

On ne peut évoquer les prisons, les prisonniers et les prisonnières sans évoquer le Comité d’action des prisonniers (CAP). L’article ne prétend pas en raconter l’histoire ; il faut pour cela se rapporter au livre de Christophe Soulié ou à la collection des journaux. Au-delà du CAP sont mentionnés les organisations qui lui ont fait suite. Volontairement, le prisme choisi est celui des informations glanées à travers divers bulletins et journaux de ces années-là à propos de tentatives de syndicats de prisonniers et prisonnières. Elles sont diverses ; la plupart sont restées à l’état de projet ; quelques textes marquent par ailleurs une rupture certaines avec ce que défendait le CAP, d’autres non. Une précision : les prisonnières sont très absentes des extraits ici repris. C’est un fait qu’il faut relever, mais qui n’autorise pas à une démasculinisation a posteriori qui serait trompeuse. De même pour les quelques textes féminisées : c’est à travers les parenthèses (e) que les femmes transparaissent.

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La Coordination des prisonniers en lutte dans l’Espagne de l’après-Franco

Après la mort de Franco, le 20 novembre 1975 dans son lit d’hôpital, la « démocratisation » du régime dictatorial n’a pas été octroyée gentiment par le pouvoir, mais imposée par la base grâce à une multitude de mouvements revendicatifs, à commencer par des grèves sauvages organisées par des assemblées qui vont imaginer leur propre démocratie. L’amnistie, par exemple, n’a été obtenue en octobre 1977 qu’après de nombreuses manifestations de rue, avec des affrontements permanents avec les forces de l’ordre ayant provoqué de nombreux morts. La Coordination des prisonniers en lutte (COPEL) est née de la mobilisation spontanée et auto-organisée des prisonniers de droit commun qui ont revendiqué l’amnistie pour les prisonniers politiques aussi.

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Après le 5 octobre

Pour reconstruire un rapport de force favorable aux travailleurs et travailleuses, l’urgence n’est pas aux journées d’action nationales. Mieux vaut bâtir en partant de la base. Les luttes sectorielles ou locales, la proximité des cahiers revendicatifs Solidaires CGT sont des éléments qui peuvent favoriser la réussite d’une telle démarche. A condition de ne pas se laisser enfermer dans le schéma selon lequel il faut laisser la politique à d’autres.

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Esquisse pour une histoire des jeunes dans la France capitaliste

La jeunesse est un âge social – et socialement différencié : les contrastes sociaux interdisent d’évoquer une « jeunesse » au singulier. C’est pourquoi évidemment, les jeunes ne forment pas une classe sociale. Leurs origines, leur situation, leurs conditions de vie sont profondément variées, au point que parler de « la jeunesse » comme si elle existait en tant que telle, en-dehors de toute appartenance sociale, est non seulement périlleux mais idéologiquement orienté.

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La place centrale de l’enfant dans les pédagogies émancipatrices

Le terme « pédagogies émancipatrices » recoupe une multitude de courants pédagogiques, la plupart ayant émergé dans la première moitié du XXe siècle. Des pédagogies critiques, incarnées principalement par la figure du brésilien Paulo Freire, aux pédagogies institutionnelles développées dans les mouvements d’éducation populaire, en passant par les travaux d’Elise et Célestin Freinet, on retrouve plusieurs principes communs permettant de les regrouper sous cette expression « pédagogies émancipatrices ».

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Démocratiser l’école … pour mettre fin aux inégalités scolaires et à l’amplification des inégalités sociales

Après que le dispositif PISA ait annoncé que l’école française se place brillamment au dernier rang mondial concernant la résorption des inégalités sociales, qu’elle contribue carrément à amplifier, il nous apparaît urgent de proposer une analyse solide des raisons de cet échec structurel.

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Celles et ceux des lycées pro

Hier comme aujourd’hui, la rhétorique ministérielle et gouvernementale de « l’égalité des chances » à l’école se heurte à la sélection sociale instituée par les trois voies du lycée (générale, technologique et professionnelle). Témoin de l’école du tri social, reproduisant les inégalités, le lycée professionnel est dévoré par le « monde de l’entreprise » et les intérêts capitalistes. Les enfants des classes populaires y sont massivement scolarisés. Le combat pour l’égalité et l’émancipation peut et doit néanmoins s’y frayer un chemin.

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2006 : victoire contre le CPE

Printemps 2006 : un mouvement social fort, entrainé par les étudiant∙es et les lycéen∙nes, obtient la suppression du Contrat première embauche, alors même que la loi le créant avait été voté et promulgué. C’est un coût d’arrêt à la spirale de la précarisation ; c’est une victoire de « la rue », contre « la loi ». Avec Universités sous tension. Retours sur la mobilisation contre la loi sur l’égalité des chances et le CPE , des actrices et acteurs de cette lutte reviennent sur la construction de la mobilisation, sur les moyens d’actions, sur les rapports de force entre ses différentes composantes. Refusant le simplisme du « mouvement historique », ces jeunes camarades produisent alors un texte riche d’enseignements. Nous en publions ici un chapitre.

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Étudiant∙es et confinement

Le monde étudiant a été particulièrement touché par le confinement lié à la crise sanitaire. Sachant que plus de la moitié de la population étudiante doit travailler pour vivre, ceci s’est d’abord traduit par de nombreuses pertes d’emploi aux conséquences souvent dramatiques. Faute de moyens, de ressources, la « continuité pédagogique » vantée par le gouvernement n’est qu’un mirage pour les plus démuni∙es. Le confinement a été l’occasion d’accélérer la mise en place de mesures ultralibérales prévues de longue date. Par ailleurs, l’isolement du confinement s’est traduit par une détérioration de l’état de santé global parmi les étudiantes et étudiants. C’est aussi une période où l’organisation collective, le syndicalisme, les luttes, si elles ne sont pas impossibles sont plus difficiles.

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Les Jeunesses syndicalistes

On connait les Jeunesses des organisations politiques (Jeunesses communistes, socialistes, communistes révolutionnaires, libertaires, écologistes, etc.), mais on parle rarement des Jeunesses syndicalistes ou Jeunesses syndicales (JS) ; et pour cause : en France, elles n’ont guère existé qu’au premier quart du siècle passé, et de manière intermittente. Les organisations politiques ne sont pas pour rien dans cette situation : Les Jeunesses socialistes avant la Première Guerre mondiale, plus encore les Jeunesses communistes dans les années 1920, voyaient d’un mauvais œil cette organisation autonome de la jeunesses, basée sur l’appartenance à sa classe sociale, non inféodée à leur parti. Bien plus tard, on retrouvera des débats similaires parmi la jeunesse lycéenne et étudiante des « années 68 » : entre celles et ceux qui voulaient organiser des syndicats ou collectifs larges et d’autres pour qui la priorité était la construction de « leurs » Jeunesses spécifiques. Mais revenons-en aux Jeunesses syndicalistes…

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Le Service national universel

Le 13 septembre 2018, le Premier ministre d’alors, Edouard Philippe, déclarait que le SNU devait être pour les jeunes « une fabrique de la citoyenneté et de l’engagement », l’armée étant chargée de « transmettre les valeurs [car elle] en a l’expérience ». Sarah El Haïry, actuelle Secrétaire d’État auprès du ministre de l’Éducation nationale et des Sports, chargée de la Jeunesse et de l’Engagement, vient de réaffirmer que le Service national universel (SNU) serait obligatoire en 2026, pour 800 000 jeunes de 16 ans. Elle insiste : « Je considère que chanter “la Marseillaise” et donner du respect au drapeau font partie d’un moment d’unité citoyenne. Donc si, au cours du séjour, un jeune refuse de chanter “la Marseillaise”, d’assister au lever des couleurs, ou de porter l’uniforme, il devra quand même s’y conformer ».

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Un dessin pour Madama

La solidarité avec les jeunes étranger·es isolé·es menacé·es d’expulsion s’exprime de plus en plus fortement et de plus en plus publiquement. Depuis plusieurs mois, des grèves de la faim ont été menées dans plusieurs endroits, par des maîtres de stage, au sein de familles d’accueil. Madama Diawara est un de ces jeunes et il est sous la menace d’une expulsion par la Préfecture de Haute-Loire depuis janvier 2021. Eric et Véronique, deux camarades de SUD éducation, sont sa famille d’accueil. Les dessins publiés ici ont été réalisés dans le cadre de la campagne solidaire Un dessin pour Madama. Merci à Fred Sochard, Mathieu Colloghan, Alain Frappier, Hélène Maurel, Claire Robert et Lucie Nuzit.

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MNA : quand la France bafoue les droits des enfants

MNA. Celles et ceux qui s’intéressent un peu aux questions d’immigration et de répression à l’égard des sans-papiers connaissent ce sigle. Celles et ceux qui dans les départements militent auprès des sans-papiers constatent que le public ici désigné occupe de plus en plus les militants et militantes, que ce soit de RESF ou d’autres structures de soutien.

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Les enfances dans une perspective de décolonisation

L’histoire de l’enfance est toujours aussi l’histoire des concepts et des visions de l’enfance. Ceux-ci prennent une vie propre et marquent les formes et les manières dont nous traitons les enfants. De la même manière, ils influencent la façon dont les enfants se perçoivent et les possibilités d’action dont ils disposent et dont ils font usage. Dans cet article, je soutiens que l’être et l’existence des enfants ainsi que les concepts et les visions de l’enfance qui ont émergé en Europe depuis la fin du Moyen Âge sont étroitement – et diversement – liés à la colonisation d’autres parties du monde.

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L’adoption internationale, mythes et réalités

Paru début mai aux éditions Anacaona, l’essai intitulé L’adoption internationale, mythes et réalités propose une analyse du système de l’adoption internationale dans une perspective antiraciste, anticapitaliste et décoloniale. L’autrice s’appuie sur sa propre expérience d’adoptée sud-coréenne, tente de faire le lien avec le vécu d’autres minorités et appelle à la politisation des personnes adoptées et de leurs allié·es pour que la prise de conscience individuelle soit suivie d’une organisation collective.

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Dictatures : les enfant butins de guerre

Estela Barnes de Carlotto est née en 1930. Elle est la mère de Laura, Montonera enceinte de 2 mois et demi lors de son arrestation par la dictature militaire argentine, en novembre 1977, et grand-mère de Guido, né en captivité le 26 juin 1978, arraché à sa maman 5 heures après l’accouchement. Laura fut exécutée deux mois après la naissance de Guido. A travers l’interview réalisée pour Les utopiques, elle partage avec nous son histoire, l’histoire de toute une génération, sa lutte, la lutte des Abuelas de Plaza de Mayo, les Grands-mères de la Place de mai. Estela Barnes de Carlotto est présidente de l’association Abuelas de Plaza de Mayo. Alicia Lo Giúdice,  psychologue au sein de Abuelas de Plaza de Mayo depuis 36 ans, est aujourd’hui coordinatrice de l’équipe de psychologues de l’association. C’est elle qui, en 1985, accompagna la première petite-fille restituée. Dans son interview, elle nous explique le soutien psychanalytique mis en place par Abuelas.

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Droits de l’enfant

Dans l’histoire de l’humanité, ce n’est que récemment qu’est apparue la notion de « Droits de l’enfant », venant plus ou moins compléter la notion de « Droits de l’Homme » qui avait déjà eu des difficultés à être admise dans la majorité des pays. Cette nouvelle notion a pu se concrétiser dans quelques textes internationaux qui ont voulu faire passer l’enfant d’objet de droit à sujet de droit. La Convention Internationale des Droits de l’Enfant (CIDE) a été adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies le 20 novembre 1989 et est, à ce jour, en vigueur officiellement dans la quasi-totalité des pays membres des Nations Unies. Pour autant, là aussi, le fait que ce texte ait été adopté n’implique aucunement qu’il soit effectivement appliqué et respecté par tous ces pays.

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Les gamins de Paris au combat ? Les enfants-soldats sous la Commune de Paris (1871)

Ce texte a été présenté lors du colloque international « L’enfant-combattant, pratiques et représentations », organisé les 25-26 novembre 2010 à l’Université de Picardie Jules Verne (Centre d’histoire des sociétés et des conflits), en partenariat avec l’Université Blaise Pascal – Clermont-Ferrand. Voilà un document qui fait le lien avec notre précédent numéro « La Commune de Paris : mémoires, horizons ».

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Leur anti-impérialisme et le nôtre

Les trois dernières décennies ont été marquées par une confusion politique croissante quant au sens de l’anti-impérialisme, une notion qui, en soi, n’avait été que peu débattue auparavant. Deux raisons principales expliquent cette confusion : la fin victorieuse de la plupart des luttes anticoloniales postérieures à la Seconde Guerre mondiale et l’effondrement de l’URSS. Pendant la guerre froide, les États-Unis et les puissances coloniales occidentales alliées ont mené directement plusieurs guerres contre des mouvements ou des régimes de libération nationale, ainsi que des interventions militaires plus limitées et des guerres par procuration. Dans la plupart de ces cas, les puissances occidentales s’affrontaient à un adversaire local soutenu par une large base populaire. S’opposer à l’intervention impérialiste et soutenir ceux qu’elle visait semblait aller de soi pour les progressistes – la seule question était de savoir si ce soutien devait être critique ou sans réserve.

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L’actualité internationale des luttes et du mouvement syndical

De la lutte des infirmières de Californie à la résistance des ouvrier·es à la junte militaire du Myanmar, en passant par les combats des syndicats biélorusses face au régime autocratique et les mobilisations sociales contre le gouvernement et la crise sanitaire au Brésil, ou encore les luttes pour l’émancipation en Iran et celles contre la répression au Maroc, l’actualité internationale des luttes et du mouvement syndical est sur le site du Réseau syndical international de solidarité et de luttes 

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