Convoi syndical, Secours ouvrier pour la Bosnie – Une histoire de solidarité ouvrière

L’Union syndicale a pris l’initiative de convois syndicaux en soutien à la résistance populaire ukrainienne, face à l’invasion des troupes russes. Nous n’avons rien inventé. Retour sur l’expérience des associations Convoi syndical et Secours ouvrier pour la Bosnie, à travers cet entretien.

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En finir avec l’apartheid : que tirer du processus sud-africain ?

Au début des années 90 tombait le régime d’apartheid sud-africain qui avait été vigueur durant 50 ans. Dans un pays en proie à une guerre civile, héritier de 400 ans de colonisation, les négociations pour un changement de régime ont abouti sur une réponse inattendue pour construire une nouvelle nation : pas de grands procès, ni de vengeance, mais un processus actif de réconciliation avec en son centre un dispositif novateur appelé Commission vérité et réconciliation (CVR). Cette commission offrirait la possibilité d’être amnistié en cas de crimes commis en échange d’un aveu.

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L’École des Amériques – École des violeurs des Droits Humains

De l’utilisation de la notion de guerre… Un des concepts centraux pour caractériser les faits répressifs en Amérique latine a été le concept de guerre, avec ses divers adjectifs : guerre civile, guerre antisubversive, guerre de contre-insurrection, guerre sale, guerre contre-révolutionnaire, etc. Tous mettent en lumière le terrorisme d’état, orchestré directement par les Etats-Unis dans le souci primordial de préserver leurs intérêts économiques. Cette notion de guerre a constitué le cadre de justification de la transformation des forces armées latino-américaines en véritables armées d’occupation, par la terreur déployée dans de nombreux camps de concentration, le recours généralisé à la torture, la systématisation d’assassinat des « opposant∙es », le viol des femmes … la terreur à tous les niveaux de la vie quotidienne.

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Une grève générale algérienne anticoloniale : la Grève des 8 jours (28 janvier- 4 février 1957)

C’est un moment crucial dans l’histoire de la guerre d’Indépendance algérienne : deux ans après le début de l’insurrection, le FLN met toutes ses forces dans l’organisation d’une mobilisation populaire massive et non-violente pour obtenir l’indépendance : la Grève des 8 jours (28 janvier – 4 février 1957). Alors que les sources algériennes disponibles sont peu nombreuses, les archives coloniales française, sur lesquelles s’appuie principalement cet article montrent qu’elle fut suivie souvent très massivement dans toutes les villes d’Algérie ainsi que dans l’émigration en métropole. Elles montrent aussi que la situation d’hégémonie coloniale permit de la réprimer avec une brutalité inouïe, tout particulièrement à Alger, et aussi d’en invisibiliser presqu’entièrement le succès.

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Les cheminots face à la lutte armée

« La résistance, c’est le train allemand qui ne passe pas, c’est le matériel allemand qui verse dans le ravin, c’est le fourrage français à destination de l’Allemagne qui brûle. C’est l’embouteillage organisé dans les gares. Résister, c’est vouloir faire quelque chose contre l’ennemi, même quand on n’a ni armes ni matériel approprié à la destruction, comme c’est malheureusement souvent le cas. Résister, c’est renseigner, c’est aider ses camarades à accomplir leur travail de combat » Paru en 1943, cet éditorial du Bulletin des chemins de fer prône la résistance, armée ou non armée, lors de la Seconde Guerre mondiale. Dans cet article, rédigé pour un colloque, Georges Ribeill revient sur « les facteurs corporatifs » de ces engagements et les différenciations sociologiques de l’engagement militant. Il pointe aussi les mythes construits après-guerre, sans pour autant nier ou dévaloriser la Résistance active au sein de la SNCF, les résistances de cheminots et cheminotes.

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Espagne 1936, milices ouvrières et livraison d’armes à travers La Révolution prolétarienne

Dès le début de la révolution espagnole qui fit suite à l’insurrection fasciste des militaires, dont Franco, les questions du soutien à la résistance populaire, armée et non armée, de la livraison d’armes, du combat antifasciste aux côtés de forces républicaines ne représentant ni ne défendant les intérêts de la classe ouvrière, ont interpellé le mouvement ouvrier. Syndicalistes, nous reproduisons quelques extraits de la revue La Révolution prolétarienne, alors sous-titrée « revue bimensuelle syndicaliste révolutionnaire ».

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Combattre les viols utilisés comme arme de guerre

Depuis la nuit des temps, les conflits entre les groupes humains ont occasionné non seulement la mort des soldats engagés, mais la mort de plus en plus de personnes civiles. Depuis plusieurs décennies sont mis en lumière les viols, agressions sexuelles et attaques visant particulièrement les femmes, des enfants ou des hommes. On ne peut plus ignorer que le viol comme arme de guerre est volontaire et systématique, couvert par les gouvernements et organisé par les hiérarchies militaires].

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La guerre et sa préparation : un « oublié » de la réflexion politique

La guerre menée par la Russie en Ukraine a remis sur le devant de la scène médiatique l’industrie d’armement. Les États rivalisent dans les annonces d’augmentation de leurs dépenses militaires pour tenter de rassurer leurs opinions publiques inquiètes. Nouvelle course aux armements ou poursuite d’une politique ancienne ? État des lieux du paysage de l’armement.

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1979 : la caravane du désarmement Bruxelles-Varsovie – Ni OTAN ni Pace de Varsovie

Les « Marches internationales non-violentes pour la démilitarisation » se sont déroulées durant les années 1970/80. La première eu lieu en 1976, dans l’Est de la France (Metz, Gravelotte, Verdun, Douaumont…) ; chaque année, d’autres suivirent : entre l’Allemagne et la France, ainsi qu’en Sardaigne (1977) ; en Catalogne et Sardaigne (1978) ; entre Avignon, La Spezia, Ljubljana (1980) ; en Hollande (1981) ; en Andalousie (1982)… Toujours étaient visés des lieux symboles des tueries guerrières, de la militarisation des sociétés, tant « de l’Ouest » comme « de l’Est » selon la terminologie de l’époque. Les bases militaires de l’OTAN et des villes représentant le Pacte de Varsovie étaient souvent ciblées, même si les passages « à l’Est » étaient particulièrement difficiles. On retrouvera ce souci du non-alignement sur les blocs militaires et politiques existants, les années qui suivirent, avec le Comité pour le désarmement nucléaire en Europe (CODENE) et la bataille « Ni SS 20 soviétiques ni Pershing 2 américains ». Mais nous nous intéresserons ici à la troisième Marche internationale pour la démilitarisation, de Bruxelles à Varsovie, en 1979.

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Reconversions : se saisir du sujet syndicalement

Ce court texte ne vise qu’à (re)lancer un nécessaire débat syndical ; en rappelant que celui-ci a existé, qu’on ne part pas de rien … mais qu’il est nécessaire de s’appuyer sur les réalités d’aujourd’hui. Un rapide retour en arrière pose les jalons de ce qui pourrait être une réflexion syndicale rénovée à propos du désarmement, des reconversions nécessaires, en matière industrielle mais aussi de recherche. L’Union fédérale SUD Industrie rappelle l’importance des premiers et premières concerné∙es ; la contribution annoncée pour le prochain numéro contribuera à cela.

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Dans l’eau trouble de nos errances autoritaires : éveiller la conscience

Dans le panel des termes encore en vogue dans les milieux qui se pensent à gauche, l’un d’eux occupe une place de marque : la conscience. Hérité d’un marxisme de parti, ce terme s’inscrit dans le schéma argumentatif et stratégique suivant : il faudrait « éveiller » la conscience « quotidienne » pour transformer les collègues en camarades ; il faudrait élever la conscience -quelque part « inconsciente »- à la « conscience critique » (on n’utilise plus conscience « de classe » que du bout des lèvres). L’utilisation de ce terme trahit un héritage autoritaire et une mécompréhension fondamentale autant de la manière dont la pensée se construit dans le capitalisme, que des moyens qui sont à la disposition de ceux qui entendent le renverser radicalement.

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L’anarcho-syndicalisme espagnol à l’heure de la Transition – Entre recomposition et déconstruction ?

Espoirs déçus. Engagements antifranquistes et libertaires durant la transition démocratique espagnole ; Tout le pouvoir à l’assemblée ! Une histoire du mouvement ouvrier espagnol pendant la transition (1970-1979) ; La transition en Rouge et Noir. CNT (1973-1980) : A travers un certain nombre de livres sortis ces dernières années, ainsi que le sous-titrage de documentaires espagnols tel que Le temps des cerises ou encore COPEL : une histoire de révolte et de dignité, la période dite de la Transition, connaît un regain d’intérêt des milieux militants français. En Espagne, le sujet n’est pas oublié, loin s’en faut, et un simple tour des bibliographies des livres de Reyes Casado Gil et Arnaud Dolidier suffit à s’en convaincre. Dernier exemple important en date, le film el Entusiasmo, dont le titre ne nécessite pas de traduction.

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Un autre Le Pen

En 2020 puis en 2022, Sylvain Boulouque a publié deux recueils de textes consacrés à Julien Le Pen, un militant syndicaliste et libertaire de l’entre deux guerre. Le premier, Julien Le Pen, un lutteur syndicaliste et libertaire (Lyon, ACL, 2000, 370 pages, 18 €) reprend l’ensemble de la carrière militante de ce militant alors que le deuxième, Le Pen, Le Peuple (Paris, Atlande, 2022, 250 pages, 15 €) se concentre sur les articles publiés par le quotidien de la CGT, qui laissait alors la part belle aux syndicalistes libertaires. Ce deuxième volume cherche aussi à rappeler que l’expression « Peuple » n’est pas un gros mot, mais s’inscrit dans l’héritage de la CGT des grandes heures du syndicalisme. Derrière, ces deux volumes il s’agit de restituée les débats d’une époque oubliée.

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Face à l’extrême droite, une situation sous haute tension

La situation politique en France reste sous haute tension en 2022, avec une extrême droite à l’offensive qui a dominé et saturé la scène médiatique et politique depuis un an, en réussissant à banaliser ses obsessions. Au premier tour, la situation était déjà inédite avec trois candidat∙es de l’extrême droite qui ont pesé dans la balance électorale : non seulement Marine Le Pen, mais également l’outsider Eric Zemmour, et de manière beaucoup plus marginale Nicolas Dupont-Aignan. Et cette extrême droite en concurrence, mais forcément complémentaire, a réussi à cumuler 11 344 230 voix.

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L’école, champ de bataille de l’offensive culturelle de l’extrême droite et des réac-publicains

Bien que les enjeux éducatifs et pédagogiques soient rarement évoqués lorsqu’il s’agit de décrypter le programme et l’idéologie de l’extrême droite, ceux-ci constituent pourtant un de ses champs d’intervention privilégié et un élément central dans sa stratégie de conquête de l’hégémonie culturelle. Depuis plus de 150 ans, avec l’avènement d’une école publique, gratuite et obligatoire pour toutes et tous, le contrôle de l’éducation est assurément une obsession historique de l’extrême droite. Tout au long de son histoire, elle a combattu sans relâche celles et ceux – pédagogues, syndicalistes, féministes, sociologues, historien·nes critiques – qui luttent pour une école du commun, populaire et égalitaire.

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Ecofascisme : ne respirez jamais votre air avant de l’avoir fait bouillir !

La mode actuelle pour l’écofascisme découle d’une réalité historique qui, depuis des décennies, tente de rapprocher l’extrême droite de l’écologie. La « bienveillance » ou la minimisation des pensées écofascistes au sein des milieux écologistes et émancipateurs peuvent créer des ravages parce qu’elles induisent une incapacité à penser le monde, la lutte et l’exploitation de manière rationnelle. Elles ne font qu’encourager la confusion inédite qui règne aujourd’hui et s’inscrivent dans un cadre réactionnaire et fasciste.

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Fémonationalisme

Le concept de fémonationalisme désigne l’instrumentalisation de la question du féminisme et de l’émancipation des femmes à des fins racistes. D’abord incarné par les partis d’extrême droite comme le Rassemblement national, il est aujourd’hui repris par les partis néolibéraux, notamment La république en marche ou des associations fémonationalistes (Caryatides, Némésis ou Manif pour tous).

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Le syndicalisme d’extrême droite dans la Police

Durant les années 1990, le FN s’est lancé dans la création de syndicats. Il est notable que le premier syndicat FN s’est ouvert dans le champ de la police. A terme, l’existence de ces syndicats sera invalidée par la justice. Cependant l’extrême droite n’a pas pour autant disparu de la police. Dans une récente livraison, Ripostes syndicales revenait sur ce sujet. C’est ce que nous reprenons ici.

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Brésil : comment le gouvernement PT a ouvert la porte à Bolsonaro

En octobre 2018, le score très important de Jair Messias Bolsonaro au premier tour des élections brésiliennes fut un grand tsunami politique, social et culturel. Malgré un sursaut militant entre les deux tours, avec une puissante mobilisation des femmes, le résultat du scrutin présidentiel au second tour fut de 55,13% pour Bolsonaro (57 977 423 voix) et 44,87% pour Fernando Haddad (47 040 574 voix). Il était évident que le retour de l’extrême droite à la présidence du Brésil serait lourde de menaces pour l’ensemble du mouvement social. Nos camarades de la CSP Conlutas, qui participe avec nous à la coordination du Réseau syndical international de solidarité et de luttes, l’exprimaient clairement. « Le combat ne fait que commencer. C’est l’heure de la résistance, de l’organisation et de la lutte ! »fut leur consigne. C’est avec elles et eux qu’il nous fallait démêler les racines historiques, sociales et culturelles de la montée vertigineuse de l’extrême droite au Brésil.

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États-Unis : melting-pot brun

Un immense drapeau orné d’une croix gammée se dresse derrière l’orateur qui vitupère contre la « juiverie ». La salle est bondée et enfumée. Nous sommes à New York en 1937, le Bund germano-américain *, organisation nazie, organise une réunion publique qui va mal se terminer. Les hommes de main de Meyer Lansky font irruption et rossent violemment les présents. Le gangster juif, un des chefs de la mafia, ne supporte pas que les nazis paradent dans sa ville. Il va même proposer des armes et de l’argent aux autorités juives pour se débarrasser de la peste brune. Malgré tout, le Bund germano-américain organisera, le 20 février 1939, au Madison Square Garden (New York), un meeting réunissant de plus 20 000 personnes.
* Organisation qui n’a évidemment strictement rien de commun avec le Bund, Union générale des travailleurs juifs de Lituanie, de Pologne et de Russie.

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IWW – Un syndicalisme de classe contre les préjugés raciaux (1905-1925)

Au début du XXème siècle, aux Etats-Unis, les IWW syndiquent des travailleurs et travailleuses noir·es et blanc·hes dans les même syndicats. Il s’agit de lutter contre « la concurrence » au sein de la classe ouvrière, organisée et entretenue par le patronat. Ce syndicalisme sera durement combattu, notamment par les militants racistes du Ku Klux Klan.

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Libération nationale et libération sociale : les deux faces de la même monnaie

Pourquoi peut-on faire une telle affirmation alors que le nationalisme est au cœur de tout le discours de l’extrême droite, affirmant la nauséabonde « préférence nationale » qui décline la xénophobie et le racisme ?  Parce que, lorsqu’on s’appuie sur le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, lorsqu’il s’agit d’une lutte anticoloniale, anti-impérialiste, il est bien question de libération nationale qui remet en cause le système d’exploitation et aspire à une libération sociale émancipatrice.

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Les échelles pour penser l’émancipation

Penser les échelles de l’émancipation au pluriel, c’est contribuer à la mise en place d’une forme politique qui a pour corollaire la réciprocité. Mais au demeurant, cela nous met face au défi de dépasser le postulat, historiquement enraciné en France, de l’impossibilité de concevoir l’émancipation en dehors du cadre de l’État-nation.

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Ras l’front

Ce texte date de 2003. Il a pour titre original « Ras l’front, douze années de militantisme atypique » *. Il couvre donc la période 1990-2002. Le réseau Ras l’front, et son journal du même nom ont vécu au-delà de ces années-là. Mais ces douze années permettent déjà de bien comprendre ce que fut ce réseau : large et radical, alliant pratique de masse et « coups militants ». Durant des années, Ras l’front c’est de nombreux collectifs locaux et une multitude d’activités sur tous les … fronts : université antifasciste, commission syndicale, manifestations, cinéma antifasciste, polars, travail avec des élu∙es politiques, banderole lors de 1er mai du FN, salons du livre antifascistes, blocages de trains du FN…

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VISA, un combat syndical antifasciste unitaire depuis 1996

VISA (Vigilance et Initiatives Syndicales Antifascistes) est une association intersyndicale composée à présent de plus de 120 structures syndicales : l’Union Syndicale Solidaires et plusieurs de ses syndicats, la FSU et plusieurs de ses syndicats, des fédérations et des syndicats de la CGT, de la CFDT, de la CNT-SO, de la CNT et du Syndicat de la magistrature. Cette dimension syndicale unitaire constitue le socle fondateur de VISA, qui œuvre concrètement, depuis 1996, sur le terrain de la lutte antifasciste. Depuis plus de 22 ans, VISA recense, analyse et dénonce syndicalement les incursions de l’extrême droite et plus particulièrement du Front national, devenu Rassemblement national, sur le terrain social, ses idées et ses pratiques.

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Nos mots et les leurs

Un ouvrage récent, Le Ministère des contes publics, paru en septembre 2021, montre comment des manipulations du langage, par le recours à une langue technicienne et une agglutination de formules péremptoires (« L’endettement-atteint-120-%-c’est-très-grave »), ont pu rendre « incontestable » aux yeux du grand public le point de vue du néolibéralisme sur les finances publiques, en particulier la « nécessité » de réduire les dépenses au nom de « la dette ». Peu auparavant, un autre livre, La guerre des mots, est allé plus loin en insistant sur le danger pour le monde du travail, déjà bien connu et référencé, d’utiliser le vocabulaire promu par le système capitaliste pour désigner des phénomènes sociaux.

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