Six mois de manifestations et de grèves. On en cause ?

Depuis la mi-janvier 2023, plusieurs journées de grèves et de manifestations ont rassemblé des millions de personnes. A l’animation, une intersyndicale nationale qui réunit CFDT, CGT, FO, CGC, CFTC, UNSA, Solidaires et FSU1 ; une intersyndicale non révolutionnaire, avec une forte composante adepte du « dialogue social ». C’est le projet de loi à propos des retraites et la volonté d’abattre le mouvement syndical qui a motivé cette unité d’action syndicale rarement connue. Cette unité ouvre des perspectives sur lesquelles nous devons travailler. L’impossibilité de construire une grève nationale interprofessionnelle reconductible est l’autre élément déterminant de la période. Quelles enseignements en tirer ? Nos pratiques syndicales sont (toujours) à réinterroger. Elles doivent l’être à partir de la réalité, pas de nos seules envies. Les violences policières, la haine et le mépris de classe de la bourgeoisie, la solidarité syndicale internationale, sont quelques autres sujets ici évoqués.

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Solidaritat : qu’es aquò

Solidaritat est une revue publiée par l’Union départementale interprofessionnelle des retraité∙es Solidaires du Gard. Une revue de qualité, il va sans dire. Il nous a paru utile de contribuer à la faire connaître et, peut-être, donner ainsi l’envie à d’autres équipes syndicales de prendre une initiative similaire. L’écrit, la culture, l’échange, le débat ne sont pas l’apanage d’une pseudo élite.

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Le syndicalisme dans la guerre en Ukraine

Mais pourquoi le syndicalisme se mêle-t-il de la guerre ? L’internationalisme, la solidarité des travailleurs et travailleuses, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, l’anti-impérialisme sont bien sûr les principaux éléments de réponse ; nous y revenons plus loin. Mais pour celles et ceux qui voudraient s’en tenir à la défense immédiate des travailleurs et travailleuses, indispensable moitié de la « double besogne » chère au syndicalisme révolutionnaire, citons Vitaly Dudin, responsable de l’organisation Sotsialnyi Rukh : « Depuis le 24 février, plus de 80 % des décès sur le lieu de travail ont été causés par l’armée russe ».

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Espagne 1936, milices ouvrières et livraison d’armes à travers La Révolution prolétarienne

Dès le début de la révolution espagnole qui fit suite à l’insurrection fasciste des militaires, dont Franco, les questions du soutien à la résistance populaire, armée et non armée, de la livraison d’armes, du combat antifasciste aux côtés de forces républicaines ne représentant ni ne défendant les intérêts de la classe ouvrière, ont interpellé le mouvement ouvrier. Syndicalistes, nous reproduisons quelques extraits de la revue La Révolution prolétarienne, alors sous-titrée « revue bimensuelle syndicaliste révolutionnaire ».

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1979 : la caravane du désarmement Bruxelles-Varsovie – Ni OTAN ni Pace de Varsovie

Les « Marches internationales non-violentes pour la démilitarisation » se sont déroulées durant les années 1970/80. La première eu lieu en 1976, dans l’Est de la France (Metz, Gravelotte, Verdun, Douaumont…) ; chaque année, d’autres suivirent : entre l’Allemagne et la France, ainsi qu’en Sardaigne (1977) ; en Catalogne et Sardaigne (1978) ; entre Avignon, La Spezia, Ljubljana (1980) ; en Hollande (1981) ; en Andalousie (1982)… Toujours étaient visés des lieux symboles des tueries guerrières, de la militarisation des sociétés, tant « de l’Ouest » comme « de l’Est » selon la terminologie de l’époque. Les bases militaires de l’OTAN et des villes représentant le Pacte de Varsovie étaient souvent ciblées, même si les passages « à l’Est » étaient particulièrement difficiles. On retrouvera ce souci du non-alignement sur les blocs militaires et politiques existants, les années qui suivirent, avec le Comité pour le désarmement nucléaire en Europe (CODENE) et la bataille « Ni SS 20 soviétiques ni Pershing 2 américains ». Mais nous nous intéresserons ici à la troisième Marche internationale pour la démilitarisation, de Bruxelles à Varsovie, en 1979.

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Reconversions : se saisir du sujet syndicalement

Ce court texte ne vise qu’à (re)lancer un nécessaire débat syndical ; en rappelant que celui-ci a existé, qu’on ne part pas de rien … mais qu’il est nécessaire de s’appuyer sur les réalités d’aujourd’hui. Un rapide retour en arrière pose les jalons de ce qui pourrait être une réflexion syndicale rénovée à propos du désarmement, des reconversions nécessaires, en matière industrielle mais aussi de recherche. L’Union fédérale SUD Industrie rappelle l’importance des premiers et premières concerné∙es ; la contribution annoncée pour le prochain numéro contribuera à cela.

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La motion d’Amiens et le congrès SUD-Rail

En 2006, la fédération des syndicats SUD-Rail tenait son quatrième congrès fédéral. Quel rapport avec la charte d’Amiens ? Par hasard (oui, désolé pour les historiens et historiennes qui pourraient plus tard s’interroger sur la coïncidence des dates), il se trouve que ce congrès a eu lieu à compter du 16 octobre. Donc, cent ans, jour pour jour, après la séance de clôture du congrès d’Amiens de la Confédération générale du travail, le congrès de la Charte d’Amiens. 16 octobre 1906 – 16 octobre 2006, l’occasion était belle de montrer comment, modestement, le syndicalisme SUD-Rail se voulait dans la continuité des signataires de la motion de 1906. Cela se traduisit par la réédition en fac-similé du compte-rendu du 9ème congrès de la CGT, précédé de six textes plus contemporains : une analyse de la charte par l’historien Gilles Morin ; une texte de Georges Séguy, ex-secrétaire général de la CGT, « 1906, la CGT adopte la Charte d’Amiens » ; un document de FO, « 1906, la Charte d’Amiens : le mouvement syndical conquiert sa maturité » ; une publication de la FGAAC, « A propos de la Charte d’Amiens » ; une communication de Thierry Renard « 100 ans après la Charte d’Amiens : la notion d’indépendance syndicale face à la transformation des pouvoirs » ; l’appel pour l’autonomie du mouvement social ».

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Abolitionnisme : entretien avec Gwenola Ricordeau

Au tournant des années 1970-80 s’est formée la première vague de l’abolitionnisme pénal. Elle a profondément renouvelé le champ de la criminologie critique et les réflexions sur le crime, la peine et la prison. Gwenola Ricordeau fait découvrir ce courant de pensée qui inspire aujourd’hui les mouvements pour l’abolition de la police et de la prison, mais invite aussi à repenser la peine et le statut de victime.

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Le Groupe Information sur les Prisons

Le Groupe Information sur les Prisons (GIP) a été fondé en 1971. Le manifeste initial est signé par Michel Foucault, Jean-Marie Domenach et Pierre Vidal-Naquet. D’autres philosophes, écrivain·es, historien·es s’impliqueront, à l’image de Daniel Defert, Gilles Deleuze, Michelle Perrot ou Danielle Rancière. Durant (seulement !) deux ans, le GIP rassemblera aussi des magistrat·es, des avocat·es, travailleurs et travailleuses sociaux, des médecins, des journalistes, des détenu·es et ex-détenu·es, des proches de détenu·es. Le GIP s’attache à donner la parole aux prisonniers dits « de droit commun » ; questionnaires et cahiers de revendications forment le socle des 5 brochures publiées en 1971 et 1972.

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Mobilisations de prisonnier·es, stratégie syndicale – Entretien avec Joël Charbit

Dans les années 1970/1980, plusieurs organisations de prisonnier·es à travers le monde adoptent une forme syndicale. Ici, cela se traduire par la naissance de l’Association syndicale des prisonniers de France. Joël Charbit dresse ici un panorama de ces expériences, non sans rappeler les connexions avec les combats antiracistes et féministes, notamment.

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Le Comité d’action des prisonniers et ses suites

On ne peut évoquer les prisons, les prisonniers et les prisonnières sans évoquer le Comité d’action des prisonniers (CAP). L’article ne prétend pas en raconter l’histoire ; il faut pour cela se rapporter au livre de Christophe Soulié ou à la collection des journaux. Au-delà du CAP sont mentionnés les organisations qui lui ont fait suite. Volontairement, le prisme choisi est celui des informations glanées à travers divers bulletins et journaux de ces années-là à propos de tentatives de syndicats de prisonniers et prisonnières. Elles sont diverses ; la plupart sont restées à l’état de projet ; quelques textes marquent par ailleurs une rupture certaines avec ce que défendait le CAP, d’autres non. Une précision : les prisonnières sont très absentes des extraits ici repris. C’est un fait qu’il faut relever, mais qui n’autorise pas à une démasculinisation a posteriori qui serait trompeuse. De même pour les quelques textes féminisées : c’est à travers les parenthèses (e) que les femmes transparaissent.

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Commune de Paris : quelle justice en Révolution ?

Aborder la situation de la justice et des prisons au cours des 72 jours de la Commune, ce n’est pas analyser l’application d’un programme réfléchi, une succession de décisions cohérentes. C’est essayer de suivre les débats, les décisions multiples, parfois contradictoires, prises au coup par coup, en réaction aux problèmes rencontrés, sous les pressions de diverses exigences liées aux situations exceptionnelles, de différents courants politiques, alors que les combats avec Versailles font rage dès les premiers jours d’avril. Il s’agit plus d’un regard sur l’élaboration d’une politique émancipatrice au cours d’un processus révolutionnaire, avec tous ses soubresauts, ses conflits.

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Après le 5 octobre

Pour reconstruire un rapport de force favorable aux travailleurs et travailleuses, l’urgence n’est pas aux journées d’action nationales. Mieux vaut bâtir en partant de la base. Les luttes sectorielles ou locales, la proximité des cahiers revendicatifs Solidaires CGT sont des éléments qui peuvent favoriser la réussite d’une telle démarche. A condition de ne pas se laisser enfermer dans le schéma selon lequel il faut laisser la politique à d’autres.

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Les Jeunesses syndicalistes

On connait les Jeunesses des organisations politiques (Jeunesses communistes, socialistes, communistes révolutionnaires, libertaires, écologistes, etc.), mais on parle rarement des Jeunesses syndicalistes ou Jeunesses syndicales (JS) ; et pour cause : en France, elles n’ont guère existé qu’au premier quart du siècle passé, et de manière intermittente. Les organisations politiques ne sont pas pour rien dans cette situation : Les Jeunesses socialistes avant la Première Guerre mondiale, plus encore les Jeunesses communistes dans les années 1920, voyaient d’un mauvais œil cette organisation autonome de la jeunesses, basée sur l’appartenance à sa classe sociale, non inféodée à leur parti. Bien plus tard, on retrouvera des débats similaires parmi la jeunesse lycéenne et étudiante des « années 68 » : entre celles et ceux qui voulaient organiser des syndicats ou collectifs larges et d’autres pour qui la priorité était la construction de « leurs » Jeunesses spécifiques. Mais revenons-en aux Jeunesses syndicalistes…

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Le Service national universel

Le 13 septembre 2018, le Premier ministre d’alors, Edouard Philippe, déclarait que le SNU devait être pour les jeunes « une fabrique de la citoyenneté et de l’engagement », l’armée étant chargée de « transmettre les valeurs [car elle] en a l’expérience ». Sarah El Haïry, actuelle Secrétaire d’État auprès du ministre de l’Éducation nationale et des Sports, chargée de la Jeunesse et de l’Engagement, vient de réaffirmer que le Service national universel (SNU) serait obligatoire en 2026, pour 800 000 jeunes de 16 ans. Elle insiste : « Je considère que chanter “la Marseillaise” et donner du respect au drapeau font partie d’un moment d’unité citoyenne. Donc si, au cours du séjour, un jeune refuse de chanter “la Marseillaise”, d’assister au lever des couleurs, ou de porter l’uniforme, il devra quand même s’y conformer ».

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